Mirabeau

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« Croient-ils, s’écriait Mirabeau, que les hommes qu'ils ont exclus, nous ne les représentons pas? Croient-ils que nous ne les défendrons pas? Eh ! sans doute, si telle à été leur espérance, je leur déclare qu’elle est outrageante pour nous. » Plus tard une Société des Amis des Noirs s'étant formée pour demander hautement l'abolition de la traite et même la liberté des nègres, Mirabeau mitson talent au service de cette Société. Le 25 février 1790, une députation du commerce du royaume ayant sollicité le maintien de la traite et de l'esclavage des noirs, le grand orateur, qui ne pouvait rester indifférent à un tel outrage fait à l’'humanité, et dont le journal le Courrier de Provence défendait avec ardeur la cause des noirs, résolut alors de parler à la tribune en leur faveur, et d'attaquer au moins la traile, en attendant qu’il pût attaquer l'esclavage lui-même. Il prépara donc un discours qui examinait la question sous toutes ces faces. Malheureusement cette question fut ajournée et le discours de Mirabeau resta inédit : l'Assemblée nationale laissa à la Convention l'honneur d’abolir la traite et l'esclavage, plus tard rétablis par Bonaparte.

Les Mémoires de Mirabeau contiennent une curieuse lettre adressée par le grand tribun au célèbre Wilberforce pour le prier d’engager le ministre Pitt à seconder le projet d’abolition de la traite, également réprouvée par les philanthropes des deux pays. «J'espère, lui dit-il, après avoir rendu un juste hommage aux efforls et aux travaux de ce grand défenseur de la canse des nègres, j'espère qu’un homme quine peut avoir d'intérêt en tout ceci que le bien même dont il voudrait être l’utile coopérateur, et qui, depuis tant d'années, est connu par sa passion pour la liberté, par sa persévérance à lutter contre les oppresseurs, j'espère, dis-je, que cet homme vous inspirera quelque confiance. » Et il lui offre de lui faire passer le projet de loi qu’il compte proposer à l’Assemblée nationale, réclamant,