Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE L'AVÉNEMENT DU ROI LOUIS À LA BATAILLE D'IÉNA. XXI

leurs les conventions entre la France et la Hollande se montraient formelles sur ce point (1). Il consentit cependant à ne laisser en Hollande que deux régiments français, avec deux étatsmajors généraux (2), et dirigea le reste sur l'Allemagne. A la vérité, il prit cette mesure, ainsi que Louis s’en convainquit par la suite, non pour alléger la Hollande, mais pour se renforcer du côté de la Prusse dont il prévoyait les prochaines hostilités. Quant à laréclamation de quatre millions de florins, réclamation dont il avait reconnu en l’an VIII la lécitimité (3), il refusa d’y souscrire par le singulier motifqu’elle était surannée (4). € Comme le moyen qu’on vous propose d’avoir recours à la France est commode! écrivait-il. Il faut ôter À votre conseil tout espoir que je lui envoie de l'argent. J'ai peine moi-même à suffire À mes immenses dépenses. C’est à Leurs Hautes Puissances à délibérer sur les meilleures mesures À prendre pour se tirer d'affaire (5). » Il n’y avait pas un mois que Louis avait fait son entrée à la Haye, que Napoléon, déjà fatigué de ses demandes de secours, lui disait : « Vous m’écrivez tous les jours pour me chanter misère. Je ne suis pas chargé de payer les dettes de la Hollande, et j'en serais chargé que je n’en ai pas les moyens (6). »

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(1) Voir Annexe n° 1, notes.

(2) Napoléon à Louis, 11 juillet 1806, p. 9.

(3) Cette dette avait été reconnue dans l’un des articles secrets d'un traité signé le 5 janvier 1800 par Talleyrand et Schimmelpenninck et ratifié par le premier consul.

(4) Napoléon à Louis, 30 juin 1806, p. 4.

(8) Napoléon à Louis, 3 juillet 1806, p. 6. Nous avertissons le lecteur une fois pour toutes que, dans les citations que nous faisons des lettres de Napoléon ou de Louis, il nous arrivera, selon le besoin de notre récit, tantôt d’intervertir l'ordre des . phrases d'une lettre, tantôt de réunir des fragments de lettres distinctes, tantôt enfin, ce qui sera le cas le plus fréquent, de reproduire le texte entier d'une lettre.

(6) Napoléon à Louis, 21 juillet 1806, p. 13.