Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

XX NAPOLÉON I ET LE ROI LOUIS.

par des rapports précis, que le pays était à la veille d’un total € écroulement de ses finances (1) ». Nombre de fois, le directoire de la république batave et, après lui, le grandpensionnaire avaient appelé sa sollicitude sur la situation de la Hollande, sans qu'il eût répondu que par des exigences nouvelles et toujours plus coûteuses. Tout en subissant le fardeau de notre alliance, la nation eût désiré, comme soulagement à ses maux, la faculté de rester neutre dans la guerre engagée entre la France et l'Angleterre (2). Des négociations, ouvertes à cet effet depuis l'établissement du consulat, avaient été accueillies favorablement à Londres et à Berlin, mais repoussées par la France. Napoléon, qui, en politique, ne se targuait point de générosité, exigeait de ses alliés qu'avant de vivre pour eux ils servissent ses intérêts. On pense bien que ce qu'il avait refusé au grand-pensionnaire, encore moins l'eût-il accordé à un frère dont il attendait un plus grand zèle À seconder ses vues. Sur la question du traité de commerce, il répondit en termes vagues (3) ; et, bien que ce traité eût été promis par l’acte du 24 mai (4), Louis ne l'obtint jamais. A l'égard des troupes françaises, c'était chez Napoléon un principe absolu que la solde de ses armées fût à la charge des populations qu’elles étaient supposées protéger (5). D'ail-

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(1) En l'an X, le premier consul recevait de Hollande une note où l'on disait : « La dette nationale de la République batave est immense. Son revenu suffit à peine pour en payer les intérêts. L'État empire de plus en plus par un déficit annuel de 18 à 20 millions de florins. » (Archives nationales.)

(2) A plusieurs reprises, en l'an VIII et en l’an X, des dépêches adressés au premier consul par ses agents diplomatiques lui faisaient part de ce désir de neutralité.

(3) Napoléon à Louis, 30 juin 1806, p. 4et 5 de ce volume.

(4) Art. 10 du traité. Voir Annexe n° D:

(5) « Partez bien du principe que les troupes que j'enverrai pour défendre la Hollande doivent être entretenues par la Hollande. » N apoléon à Louis, 25 oct. 1807,,

p. 187. Cf. Napoléon au duc de Cadore, 22 février 1810, p. 254, et passèm.