Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE L'AVÉNEMENT DU ROI LOUIS A LA BATAILLE D'IÉNA. x1x

livre. Découragés , nombre d'habitants avaient quitté le pays (1), et ces émigrations, en augmentant les charges du reste de la population, ajoutaient à l'infortune publique.

Louis peignit à son frère cette situation (2). « Si V.M. ne vient pas À mon aide, écrivait-il, j'ignore comment on pourra faire. » Comme premier secours, il lui demanda de restituer à la Hollande une somme de quatre millions de florins, avancée quelques années auparavant par la résence de Batavia au contre-amiral Sircey (3), de prendre à sa charge la solde des troupes françaises établies dans le royaume (4), et de consentir à un traité de commerce entre les deux peuples (5). On comprendra l'importance de cette dernière requête, quand on saura que les lois françaises défendaient toute exportation sur le territoire batave (6), mesure qui, jointe à l'interdiction du commerce avec l'Angleterre, en aggravait les effets. Napoléon n’ignorait rien de la détresse de la Hollande ; il savait,

() Dés le 17 fructidor an XII, l'amiral Ver Huell écrivait à Napoléon : Il est à craindre € que des émigrations trop fréquentes ne perdent totalement la Hollande. » (Archives nationales.)

(2) Voir les lettres de Louis à Napoléon des 24 et 27 juin, 1%, 7 et 15 juillet 1806, p. 3-5, 7 et 10 de ce volume.

(3) Ce contre-amiral commandait l’escadre française dans l’Inde. La réclamation dont il s’agit avait déjà été adressée à Napoléon par le grand-pensionnaire dans une lettre du 19 juin 1805. Voir p. 4 de ce volume, note 1.

(4) Ces troupes, qui au printemps de 1805 se montaient à 18,000 Hommes, ne se composaient guère alors que de six régiments. Mais leur solde était plus élevée qu’en France. Un lieutenant général français, employé en Hollande, recevait plus de 72,000 francs par an. (Voir p. 83, une lettre de Louis à Napoléon du 7 déc. 1806.) Dés le 20 juin 1801, le gouvernement batave adressait des réclamations au gouvernement français, tant sur le nombre des troupes d'occupation que sur le taux élevé de la solde.

(5) Avant l’avénement du roi Louis, un traité de commerce était déjà sollicité par la Hollande.

(6) Dès l'an VILI, le directoire batave se plaignait que, par suite de cette défense d'exportation, le prix du blé en Hollande fût supérieur des 5/8 à à ce qu'il était en Belgique. — Cf. Louis à Napoléon, 3 mars 1808, p. 162. 5

b.