Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

XXVI NAPOLÉON I ET LE ROI LOUIS.

d'Espagne, de Danemark, de Wurtemberg et de Bavière, qui avaient exprimé le désir d'en recevoir la notification (1). Louis, dans ses Mémoires, attribue ces refus à l'intention arrêtée qu'aurait eue Napoléon d’annexer prochainement la Hollande à l'empire. Cette explication ne saurait être exacte, puisque l’empereur céda plus tard sur presque tous ces points. Mais ni la Prusse, ni la Russie, ni l'Autriche n'avaient encore reconnu le roi de Hollande; et il est permis de penser que Napoléon, qui craignait par-dessus tout de prêter au ridicule, voulait que la royauté de son frère fût plus solidement assise, avant d'autoriser celui-ci à en revêtir des marques trop éclatantes. Ce fut sans doute pour le même motif qu'il refusa, malgré les demandes de Louis, de nommer un nouveau ministre en Hollande, et y laissa l’ancien ambassadeur, le général Dupont-Chaumont, sans renouveler ses lettres de créance (2).

On doit rendre à Louis cette justice que, s’il attachait peutêtre trop d'importance à des questions qui ne semblaient intéresser que lui-même, il en attachait bien davantage à celles qui concernaient le pays. L'espoir de la paix que Napoléon faisait luire à ses yeux pouvait seul atténuer le regret qu’il éprouvait de se voir entravé dans ses projets de bienfaisante économie. € La paix se traite ici, lui écrivait l’empereur; il est vrai que les négociations vont très-lentement ; soyez persuadé que vos intérêts ne seront pas oubliés (3). » Louis pensait, non sans raison, que quelques années de tranquillité, en le laissant libre en ses desseins, lui permettraient de relever la

(1) Louis & Napoléon, 8 août 1806, p. 21. — Napoléon à Louis, 11 août 1806, p. 22.

(2) Docum. histor., t. I, p. 225. (8) Napoléon à Louis, 11 août 1806, p. 22.