Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT À LA BATAILLE DE WAGRAM. in

il en dicta une autre plus courte et sensiblement adoucie. Il fut d'autant mieux inspiré de ne point envoyer la première, — qui n'eût pas manqué de produire sur Louis une impression douloureuse, — qu’elle l’eût trouvé pleurant la mort de son fils aîné, enlevé par le croup dans la nuit du 4 au 5 mai 1807 (1).

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DU TRAITÉ DE TILSITT A LA BATAILLE DE WAGRAM. (Juillet 1807 — juillet 1809.) Louis, au milieu de ses épreuves, reçut du traité de

Tilsitt quelques satisfactions. Il erut y voir un gage de cette paix désirée qui seule pouvait mettre un terme aux souf-

(1) Docum. histor., t. IT, p. 102. On sait qu'il ne faut pas toujours prendre au pied de la lettre les expressions de colère auxquelles se laissaitaller Napoléon. L'excès du langage était chez lui une affaire de tempérament ; c'était aussi un moyen d’action dont il aimait à se servir : il querellait ses frères, comme ses ministres, afin de les tenir en haleine, et demandait plus pour avoir moins. Quatre jours après avoir dicté la lettre que nous venons de reproduire, le 4 mai, il écrivait à Joseph : « Je suis assez content de Louis; maïs il a un peu trop l’esprit de charité, ce qui s’allie mal avec la dignité du diadème. Ce n'est pas qu'il fasse grand cas des avis que je lui donne, mais je ne laisse pas de les lui continuer, et l'expérience ne tardera pas à lui apprendre que beaucoup de choses qu’il a faites sont mal. J'ai blâmé l'institution de son ordre, non comme mauvais en lui-même, mais comme prématuré... Louis vient aussi de permettre que les dames hollandaises reprissent leurs anciens titres; ses chambellans mêmes les leur donnent. Je n'ai pas été content de votre exemple qu'il m'a allégué, comme s’il y avait quelque chose de commun entre un royaume et une république qui a passé par toutes les mêmes épreuves qu'a subies la France. Cela ne fait pas honneur à sa pénétration. Si vous avez occasion de lui écrire, diteslui-en un mot; car, comme on croit que tout cela se fait par mes conseils, cela fait un mauvais effet en France. Comme je ne veux pas rétablir en France les anciens titres, je ne veux pas qu'on les rétablisse dans un pays dont j'ai garanti le système constitutionnel et qui a tant d’analogie avec la France par ses vicissitudes. » (Corresp. de Nap. I, t. XV, n° 12530.)