Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
DU TRAITÉ DE TILSITT À LA BATAILLE DE WAGRAM. xxx
lande eut un tout autre effet que celui qu'attendait Napoléon ; elle attacha Louis par un lien plus étroit à la nation qu'il avait adoptée, et, lui inspirant un plus vif désir de lutter pour son salut, sembla, au moins pour le moment, avoir relevé son courage.
Napoléon dut être mécontent d’un refus qui contrariait ses projets sur la Hollande; peut-être le fut-1l aussi des motifs dont Louis osa le justifier. À partir de ce moment, ses lettres offrent un ton d’aigreur qu'on ne saurait méconnaître. Elles devinrent aussi moins fréquentes, et ce ne fut qu'à la fin de l’année 1809, où eut lieu sa première rupture avec Louis, que la correspondance entre les deux frères recommença d'être active. Il est vrai que, pendant plus d’une année, les événements d'Espagne et ensuite la guerre avec l'Autriche attirèrent presque uniquement l'attention de Napoléon. La première lettre qu'il adressa à son frère après celle du 27 mars 1808 fut pour se plaindre de la contrebande qui se pratiquait en Hollande sur les frontières de l’empire. II lui envoyait même la liste des individus qui se livraient à la fraude, comme pour l’avertir qu'il était résolu désormais à exercer sur son royaume une surveillance, menaçante, € Je ne puis souffrir ce scandale plus longtemps, disait-il. Cela équivaut contre moi À un rassemblement de gens armés (1). » Quelques jours après, ils lui adressait un blâme, aussi violent qu’injuste, au sujet d’une innovation du genre de celles qui avaient déjà soulevé ses réprimandes : 1l lui reprochait d’avoir créé des princes. « Vous pouvez, quand vous instituerez une noblesse, faire des comtes, des barons, des marquis ou des ducs, quoique je pense que cela soit fort inutile en Hollande, si ces
(1) Napoléon à Louis, 25 avril 1808, p. 171.