Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

LXX NAPOLÉON I: ET LE ROI LOUIS.

titres n’y existaient pas autrefois; mais vous ne pouvez pas créer un prince. Ce droit est inhérent à la dignité impériale. Mes institutions ne sont point faites pour être tournées en dérision. Si vous persistez dans votre idée, je désavouerai publiquement ces innovations monstreuses. Vous avez créé des maréchaux qui n’ont pas fait ce qu'ont fait mes généraux de brigade. Pour Dieu! ne vous rendez pas par trop ridicule (1). » Or non-seulement le fait se trouvait entièrement faux, mais l’idée n’en était jamais venue à l'esprit du roi (2). Napoléon avait écrit sur un simple bruit colporté par les journaux de Paris. Quelle était l’origine de ce bruit? On ne peut, à cet égard, former que des conjectures. Déjà, à diverses reprises, Louis s'était plaint des nouvelles inexactes qu’on répandait sur son compte et qui ne servaient qu’à aigrir son frère contre lui. Depuis cette époque, les assertions malveïllantes, les exagérations, les mensonges ne cessèrent, dans l’entourage de l'empereur comme dans le publie, de discréditer la Hollande et son gouvernement. On eût dit que, devinant les projets de Napoléon, chacun en France, empressé à lui complaire, se fût donné le mot pour lui fournir une occasion de rupture.

On ne peut affirmer d’une manière absolue que Napoléon, au début des affaires d'Espagne, eût résolu d’annexer la Hollande à l'empire, ni qu'après le refus opposé par son frère à la lettre du 27 mars, il eût persisté dans cette résolution. Mais, en fait, il semblait de plus en plus se diriger dans cette voie. Déjà, le 31 octobre 1807, il avait exigé l'introduction en Hollande du Code Napoléon, sans consentir aux modifications que Louis voulait y apporter afin de l’approprier aux mœurs

(1) Napoléon à Louis, 6 mai 1808, p. 172. (2) Louis à Napoléon, 14 mai 1808, p. 173.