Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
DU TRAITÉ DE TILSITT A LA BATAILLE DE WAGRAM. zxxr
et aux coutumes du pays (1). Le 11 novembre de la même année, il s'était fait céder le port et la ville de Flessingue, possession, à la vérité, que des traités antérieurs à l’avénement du roi rendaient indivise entre la Hollande et la France (2). Au mois d'août 1808, il alla plus loin; il voulut le Brabant et la Zélande, et chargea son nouvel ambassadeur en Hollande, M. de la Rochefoucauld, de s’enquérir officieusement si le roi serait disposé, moyennant certaines indemnités, à céder ces deux provinces. Au lieu de répondre par un refus aux ouvertures de M. de la Rochefoucauld, Louis en fit l’objet d’une lettre adressée à l’empereur. Il lui écrivit que ces provinces faisaient une partie trop essentielle de son royaume pour qu'il se crût autorisé à les abandonner; que, si la Hollande était envahie par l'ennemi, il pourrait en sacrifier une portion pour sauver le tout; qu'hormis ce cas d’absolue nécessité, il jugeait impossible d’adhérer à une proposition qui était contraire à ses devoirs et passait ses pouvoirs ; que néanmoins, si la France avait à cette cession un intérêt majeur, il consentait à consulter le pays; qu'il avait juré, en montant sur le trône, de maintenir l'intégrité du territoire, et qu’en violant un serment aussi sacré 1l deviendrait odieux à la nation (3). Napoléon était évidemment fatigué de voir son frère opposer sans cesse aux desseins de sa politique l'intérêt de la Hollande ou des maximes d'équité. € Il était inutile, lui répondit-il, de me faire un étalage de principes. Le sieur la Rochefoucauld n’a eu ordre que de sonder le terrain. Puisque cet échange ne vous
(1) Napoléon à Louis, 31 octobre et 13 novembre 1807, p. 142, 143. — Louis à Napoléon, 9 novembre 1807, p. 148.
(2) Voy. le traité de cession dans le t. II des Docum. kistor., p. 128-138.
(3) Louis à Napoléon, 11 août 1808, p. 178. :