Oeuvres diverses

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des membres députés furent lus à la Chambre, et lorsque MM. Marrast, Flocon et Louis Blanc vinrent réclamer leur part à l’Hôtel de Ville, les coryphées du suffrage universel, se targuant de leur titre censitaire, ne les admirent d’abord qu’au secrétariat du pouvoir. Pagés s'opposait surtout à Louis Blanc, dans lequel il flairait du socialisme. La nécessité et l’amour du peuple vainquirent ces résistances. On lui jeta en pâture son favori comme on avait jeté Pagès aux bourgeois prooressistes. Ce disciple bâtard de Robespierre, fidèle à la haine de son maître contre les hébertistes et l'anarchie, socialiste enfantin et Christ au petit pied, accepte la tâche d’amuser le peuple et d'endormir sa faim et sa colère. Tandis qu'il prêche au Luxembourg, la réaction s'arme et s'organise.

Dès le 25, on a foulé aux pieds le drapeau de la Révolution, le drapeau du Champ de Mars teint du sang du peuple, celui qui du haut des barricades repoussait tout compromis et tout atermoiement hypocrite. Son éclatante couleur gênait les caméléons. Pour moins, le peuple avait fait les journées d’octobre. Des phrases arrangèrent tout. Ce fut la fable du loup et de l’agneau. L'histoire prête le rôle d’agresseur au drapeau rouge lorsque, précipité du perron de l'Hôtel de Ville, il cède la place au drapeau souillé de Louis-Philippe.

En face d'une administration judiciaire, reflet top fidèle des parlements et des cours prévôtales, d’un lonctionnarisme oppressif et parasite, de lois dirigées toutes contre la nation sans un mot deses droits, d’une armée d'esclaves plutôt que de citoyens, du pauvre livré tout entier et sans défense aux mains du riche et du puissant, lorsque la liberté individuelle était à inventer, la Commune à organiser, et que l’horizon s'ouvrait magnifique dans le plus splendide lever de Révolution, lorsque les chances étaient mille fois plus nombreuses qu’en 89, que le moment semblait venu