Oeuvres diverses

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qui, s’échappant de la question, se rue sur le bourreau avec ses ongles et ses dents, le déchire et le met en pièces. C'est le brigand qui arrête le despotisme au détour de la route et lui crie le pistolet sur la gorge : « L'égalité ou la mort! » Cest l’âme enfiévrée de la soif de la justice, ulcérée de haine contre la race des immolateurs, se lançant au but presque en aveugle, sans souci de l'obstacle ni du péril. Si elle a l’exaltation qui fait vaincre, elle manque du sang-froid qui conserve. la victoire. Dans sa course furieuse, la témérité l'emporte sous les coups des intérèts coalisés qui l'écrasent, et, souillée de fiel et de fange, hideuse, elle pend, ruisselante d’horreur, au poteau des nations.

Tandis que les faiseurs, attentifs à se recoudre des virginités, soignent leur figure pour en imposer à l'avenir, l'homme d’action, toujours dans la mêlée, ne s'inquiète guère de laisser une protestation suprême, el abandonne sa mémoire à la calomnie. Son abnégation fait sa perte. Que d'Hébertistes dans l’histoire ! Les habiles les tuent, puis les déshonorent.

Que leur destinée tragique soit un enseignement. Ils ont échoué et péri par l'excès de la passion. Le dévouement ne doit pas être du délire. Mais s’il est bon d'éviter leurs défauts, leurs qualités doivent servir d'exemple. Ils furent héroïques, c’est bien le moins de ne pas être ignobles. Soixante-quinze ans de vicissitudes ont singulièrement refroidi les premiers enthousiasmes de la liberté. Ge n’est plus aujourd’hui le fanatisme, mais la spéculation qui est le danger. Nous sommes en pleine re scientifique, et de toutes les sciences, la plus riche en perfectionnements, c’est à coup sûr l'exploitation. Il a fallu trouver à ses raffinements un nouveau nom, le Macairisme. A l'heure qu’il est, le Macairisme compte ses plus beaux trônes dans la politique, cette contrée aux multiples Etats. La démocratie, l’un de ces Etats, n’a-telle pas créé des