Oeuvres diverses
sulter les mémoires de Kléber, juge compétent je suppose, Ct peu suspect de flatterie envers des collègues auxquels il impute ses défaites.
__ Harmonieux roucouleurs de phrases, qui jetez sur le peuple votre poudre dorée et vantez ses instincts aristocratiques, afin d’étrangler sa virilité; don Juans et Lovelaces des pauvres multitudes, si prodigues de déclarations à la guenille victorieuse, votre filet de contralto est bien grêle devant les rugissements de Marat et d’Hébert !
Je sais bien que chez Hébert la voix est enrouée, la forme parfois basse et grossière, le fond épicé de jurons qui emportent la bouche. Que voulez-vous ? Il avait vendu des contremarques sur le boulevard. Ses productions rugueuses ne valent pas les charmantes tirades de littérature inutile que nous connaissons ; mais en revanche, quelle franchise ! quelle verve! quel amour profond de la justice et de l'égalité !
Hébert d’ailleurs ne sacrait pas toujours. À la barre de la Convention, à la Commune, quand il parle comme magistrat, son langage est parfait de distinction. Otez même les grains de poivre incrustés à dessein dans les pages du Père Duchesne pour flatter le palais du lecteur, il restera un style correct et facile, à la hauteur au moins de celui de ses confrères. Aujourd’hui, ce gros sel n’allécherait plus le peuple : son goût a été perverti par la Révolution. Mais il était ce que l'avait fait de longue main une éducation catholique et royale, c’est-à-dire il était passablement brute.
Je comprends qu’à ces cris, à ces gestes désordonnés des tribuns de la rue, on préftre la fine prose de Desmoulins, corrigée dans les premiers numéros par son ami l’ëncorruptible. Cest clair, net, joli, coquet, spirituel, digne des salons les plus littéraires du dix-huitième sièele, en un mot, réussi. Cette plume