Oeuvres diverses
la sienne allait la rejoindre dans le même panier. Robespierre, l’homme d'Etat, leur avait coupé le sifflet à tous deux pour les mettre d'accord. Moyen sûr de conciliation et d’apaisement !
Je me suis demandé plus d’une fois pourquoi ce déchainement universel contre Hébert. Nos coureurs de coulisses ont-ils pris en grippe le vendeur de contremarques devenu l’un des premiers magistrats de la ville de Paris? Nos patriotes, qui ont besoin d’un valet de pied pour mettre leurs bottes, éprouveraientils quelque dégoût à la pensée de ce laquais, réformateur des cultes et des dogmes ?
Pourquoi Marat lui-même est-il plus épargné ? C'est que Marat n’est qu'un cri de guerre, tandis que l’hébertisme est un système. Le grand courant qui se forme au comité insurrectionnel des Quinze-Vingts et de l’Evêché nous donne la philosophie de la Révolution tout entière. Il faut en finir avec un ostracisme hautain. Quand même Hébert serait un misérable, ce qui est faux, l’idée que son nom représente n’en aurait point à souffrir. Qu'importe au drapeau la main qui agite ses plis ? Qu'importe à la flamme les aliments impurs qu’elle dévore? Le but fut la justice, le but fut la science, le but fut l'humanité.
Ce fut un rude jouteur, cet Hébert; sa vie une longue lutte, d'abord contre la misère, puis contre les superstitions, le pouvoir, contre la calomnie surtout, cet écueil des forts, où lui aussi fut brisé. Tous les obstacles qui enrayaïient la Révolution : le roi, la reine, les Girondins, Robespierre, la Convention elle-même. découronnée de sa première énergie, il les attaqua sans relâche, sans ménagement. Apre aux puissants et aux habiles, il se sentait des tendresses infinies pour ses frères de la blouse.
Lorsque les mieux trempés des révolutionnaires, succombant de lassitude, disaient : « Assez! » lors-