Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 239

pièce et réclamèrent l’Inconstant, de Colin d'Harleville, qui intervint pour s'opposer à la substitution. De là, une jalousie féroce contre cet homme bienveillant et doux*, dont le caractère, le talent offrent un si complet contraste. Déjà Fabre avait plaisamment parodié une épitre de l’heureux auteur de l'Optimiste :

J'avais un trisaïeul : devant Dieu soit son âme!

C'était la bonté même, aussi bien que sa femme... Mon aïeul était bon, mon aïeule était bonne;

Et ma tante sa sœur, ah! la bonne personne!

Ah! que n'est-elle encore! Je ne me plaindrais point Pour trouver de l’argent! L'argent! c’est le grand point. Il n'est pas maladroit que dans cet hémistiche,

Je vous dise en passant que je ne suis pas riche.

Cela ne gâte rien; en mes afflictions

Il pourrait me venir une ou deux pensions,

Hélas! je les prendrais.

1. Une autre romance de Fabre, Je l'aime tant, obtint la faveur du publie; voici les deux premières strophes :

Je t'aime tant, je t'aime tant!

Je ne puis assez te le dire :

Et je le répète pourtant.

A chaque fois que je respire, Absent, présent, de près, de loin, Je t'aime est le mot que je trouve, Seul avec toi, devant témoin,

Ou je le pense, ou je le prouve.

Tracer : je t'aime, en cent façons, Est le seul travail de ma plume;

Je te chante dans mes chansons,

Je te lis dans chaque volume : Qu'une beauté m’offre ses traits,

Je te cherche sur son visage ;

Dans les tableaux, dans les portraits, de veux déméler ton image,