Orateurs et tribuns 1789-1794

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mauvaise éducation: l’interjection, l’exclamation en avant, l'apostrophe continuelle.

Dans les Réflexions sur la déclamation, Hérault de Séchelles donne la recette de l’art oratoire sous forme de préceptes pratiques, d’axiomes ingénieux, rapides, fortement enchaïnés. J’essaierai de les résumer ici.

Démosthène, interrogé quel était le premier mérite de l'orateur, répondit : l’action. Le second? l’action. Le troisième? l'action. Or l’action consiste dans trois choses, la mémoire, la voix et le geste qui, tous trois, se cultivent par l'exemple, la réflexion et la pratique.

Le personnage seul nous plaît et nous étonne, Tout le charme est détruit, si l'on voit la personne.

La principale attention de l’orateur doit donc être de ne laisser voir que son personnage : d’où nécessité de cacher avec soin qu'il répète ce qu’il a appris, nécessité de la mémoire. Le principe de celle-ci étant la liaison des idées, elle dépendra de l’ordre et de l'analyse qu’on y met; le meilleur genre de mémoire est celui qui consiste à faire de la mémoire avec du jugement, Retenir de chaque idée le mot qui porte (les mots sont, dit Voltaire, les courriers des pensées), bien concevoir; ensuite raisonner chaque chose, enfin relire souvent son écrit : la mémoire se rappelle mieux ce qu'elle a vu par écrit. Lekaïin, pour apprendre un rôle, le lisait deux fois le matin, deux fois le soir; il le lisait ainsi pendant longtemps et ensuite il apprenait les vers,