Orateurs et tribuns 1789-1794

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blier un journal favorable à ce gouvernement de parvenus, conune il l’appelle dans ses Mémoires. Il prétend bien qu’on lui offrit une grande préfecture, avec la perspective du Conseil d'État, mais les conseillers d’État s’opposèrent à une nomination qui serait un déshonneur pour leur corps. Barère n'eut d'autre ressource que d'imposer silence à son amour-propre ; libelliste contre l'Angleterre, panégyriste, espion de Bonaparte, fondateur du Mémorial antibrilannique où l'empereur ne trouvait que des fleurs de rhétorique, des coglioneries enveloppées dans de grandes phrases qui produisaient de l'effet pendant la Terreur, époque de licence littéraire autant que de licence politique ; en rapports constants et suspects avec les agents de la Russie et de l'Espagne, Barère perfectionnait l'art de l'ignominie. Ignominie inutile, car, malgré les suffrages fidèles de ses compatriotes qui n'oublièrent jamais que, grâce à lui, la province de Bigorre était devenue le département des Hautes-Pyrénées en dépit des députés du ‘Béarn et de la ville de Saint-Gaudens, malgré qu'ils eussent essayé de le présenter comme candidat au Sénat et au Corps législatif, l'empereur continua de le tenir à l’écart, et, en 1807, il lui retira même ses basses fonctions. Le mépris, dit le proverbe indien, perce jusqu’à l’écaille de la tortue. Barère fut blessé au cœur, et il chercha à se venger dans ses Mémoires de celui qu'il invitait naguère à prendre le titre de roi des rois.

Inutile d’ajouter qu’il redevint royaliste en 1814,