Orateurs et tribuns 1789-1794

306 ORATEURS ET TRIBUNS.

APPENDICE II

L’empressement à assister aux séances de la Constituante était extrême; on en jugera par le récit de Lacretelle :

« Depuis l'ouverture des états généraux à Versailles, les jeunes gens voués à l'étude des lettres montraient la plus vive ardeur pour assister au plus grand des tournois oratoires et politiques que la société eût encore vu. Il fallait le plus souvent faire le voyage à pied, car les voitures publiques étaient loin de suffire au nombre des curieux. Après le 6 octobre. les épreuves que nous avions à subir étaient encore plus pénibles. C'était vers minuit, et souvent sous les pluies, les frimas, les neiges et un froid piquant, que nous allions, près de l’église des Feuillants, retenir des places que nous ne devions occuper qu'à midi le jour suivant. Il fallait de plus les disputer à une foule qu’animaient des passions et même des intérèts fort différents des nôtres, car nous ne tardâmes pas à nous apercevoir qu’une grande partie des tribunes était salariée et que les scènes cruelles qui causaient notre désolation faisaient leur joie. »