Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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preuves frappantes de sa lucidité d’esprit, de sa science et surtout de son consciencieux travail. Ses honoraires étaient souvent d’une modicité qui ferait sourire les moindres avocats de nos jours : on lit, au dos d'une sentence arbitrale rendue par lui et son confrère Pazery, une quittance ainsi conçue : « Habui sept livres dix sous. »

Le trait suivant permet de juger de son respect pour Ja vérité : « M. d’Armentières-Conflans avait gagné »un procès considérable contre son proche parent, , M. de Vassault de Vareille. M. de Vareille, par » transaction sur procès, était tenu de payer annuelle» ment 3,400 livres aux représentants d’un régisseur » de la maison d'Armentières; MM. de Vareille et » de Conflans croyaient être libérés; M. Portalis sou» tenait l'erreur involontaire de ses clients. Dans la » chaleur de la plaidoirie, son procureur lui commu» nique la pièce qui constate qu’ils n’ont rien payé : » M. Portalis s'arrête et lit le titre qui garantit le » triomphe de deux orphelins !. » Le premier président d’Aligre, faisant allusion à ce rare exemple d’intégrité, disait, quelques années plus tard, à Bonnières, autre avocat qui avait agi de même dans une circonstance analogue : « Si vous pouviez être remplacé à » cettebarre, la Cour désirerait vous voir sur ces siéges ; » votre courage vous place, avec Portalis, dans le » cœur de tous les magistrats ?. »

4. Notice sur S. Exc. J.-E. M. Portalis, Ministre des Cultes, etc, Paris, 25 octobre 1807, page 85. 2, Ibid., page 86.