Portalis : sa vie, et ses oeuvres
20 PORTALIS | et son vicaire général, l’abbé de Bausset, lui vouèrent, depuis cette époque, une vive amitié. Necker avait, de son côté, remarqué la correspondancede Portalis et 1l fut sur le point de l’appeler à Paris, pour lui confier la direction générale de l’adminisiration des pays d’'États,
dont on préparait alors la réorganisation. Ge projet fut abandonné ; mais les États de Provence, qui avaient pu apprécier l'utilité du concours de Portalis, le lui demandèrent encore. Vers la fin de 1782, il fut député à Paris par sa province pour y poursuivre la solution de plusieurs affaires en suspens. La réputation qui l’y avait précédé, la dignité affable de ses manières et l’amitié de l'abbé de Boisgelin lui valurent le plus favorable accueil à la cour. Le barreau lui fit une ovation; et, dans la haute société parisienne, toujours si empressée auprès des visiteurs dedistinction, ce fut, pendant trois mois, à qui fêterait le courageux défenseur des protestanis persécutés. Necker eut plusieurs entretiens avec lui; il fut présenté à Bigoi-Préameneu, qui arrivait de Bretagne et dont il devint l’un des meilleurs amis; il entra en relations avec Delille, le baron de Staël, le maréchal de Noailles, le duc de Chabaud, qui, tous, lui témoignèrent la plus haute estime.
Cette réception si flatteuse toucha profondément Portalis ; cependant, au sein de la vie brillante et facile de Paris, au milieu de ses séductions et de ses plaisirs, il avait toujours son pays natal présent à la pensée; il ne se laissait éblouir ni par les splendeurs de la cour, ni par l’éclat de la capitale; il jugeait l’une et l’autre sans engouement comme sans prévention provinciale;