Portalis : sa vie, et ses oeuvres

2% PORTALIS « J'ai vu, dit-il!, quelques gens de lettres. Ils ont sur les autres l’habitude de bien mettre à profit ce qu’ils savent, mais ils gâtent tout par un ton affecté d'importance et de capacité. Dans ce moment, ils ne » font pas grand bruit, parce qu'aucune connaissance » n’est en activité. Il n’y a plus de secte philosophique. » Tout paraît mort. Mais les têtes de Paris, par leur » légèreté et par leur brillant, peuvent être comparées » à une poussière d’or et d'argent que la moindre agi» tation dans l'air peut soulever et faire briller aux » YEUX. »

L'image est aussi jolie que vraie. Le jugement qui suit est également d’une remarquable justesse :

« Chaque société a son ton, son système, ses prin» cipes. On dirait que ce sont des villes différentes » réunies dans la même. On porte les égards et les » ménagements jusqu'à la faiblesse. Pour peu qu’un » homme soit connu et répandu, on craint son suf» frage. Il arrive de là qu’il n’y a point d'énergie et » que personne n’est rien. »

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Notons encore ces lignes :

« Les gens du monde meurent ici de très-bonne » heure, et ils finissent presque tous par un dépé» rissement long et douloureux. Il est vrai qu'ils » vivent jusqu'au dernier instant. Une jeune Mme D** » est morte ces jours derniers presque au retour de la » promenade. Elle languissait depuis longtemps, et » chaque moment pouvait être celui de sa mort. N’im-

1. Lettre à Mme Portalis, du 7 septembre 1782.