Portalis : sa vie, et ses oeuvres
AVOCAT 35
» tage des rois !. » Il formulait encore ce principe de raison et de justice qui renferme, à l’adresse des peuples modernes, une lecon si directe, si salutaire, si souvent rappelée par une cruelle expérience et si facilement oubliée : « Le mal de détruire est infiniment » plus grand que celui de souffrir ?. »
Ces sages maximes n'étaient qu'indiquées dans la Lettre au garde des sceaux. Le temps avait-il manqué à Portalis? Le barreau d'Aix, dont il était l'organe, avait-il jugé prudent d’invoquer les droits spéciaux de la Provence plutôt que de discuter les prérogatives du souverain ? Par ce motif ou par tout autre, Portalis avait laissé dans l’ombre le côté Le plus intéressant et Le plus grave du débat engagé. Il ne tarda pas à combler cette lacune, et, dans un nouvel écrit, dont il avait seul la responsabilité, il souleva courageusement la question constitutionnelle. L’Æxamen impartial des nouveaux édits est une œuvre politique de premier ordre, inspirée par le plus sincère libéralisme. Portalis y parle encore, il est vrai, de l’autonomie de la Provence et déclare impraticable la rédaction d’un code uniforme pour toute la France ; mais l’effort de sa discussion porte sur la nature du pouvoir royal, sur la liberté inaliénable de la nation et sur l'étendue des droits respectifs du roi et du peuple. Avec autant de modération dans la forme que de force dans la pensée, Portalis repousse la théorie du gouvernement de droit divin sur laquelle reposait l’ancien régime et ramène,
1. Leltre au garde des sceaux, page 44. 2. Ibid., page 12.