Portalis : sa vie, et ses oeuvres
64 PORTALIS » même que pour la conservation de ces droits.
» Au citoyen appartient la propriété, et au sou» verain l'empire. Voilà la maxime de tous les lieux » et de tous les temps; voilà la ligne de démarca» tion entre les pouvoirs de l’État et les droits de » l’homme.
» C'est un paralogisme de dire que le bien parti» culier doit céder au bien de la république. Cela » n'a lieu que dans le cas où le bien particulier tend à » des préférences insolites ou injustes; mais, s’il ne » tend qu’à l'égalité sociale, alors il s’unit et il se con» fond avec le bien public même : car le bien public » n’est et ne peut être que le résultat de tous les biens » particuliers! »
Portalis poursuit sa vive et lumineuse argumentation; il nie que le droit de percevoir l’impôt confère à l’État le domaine éminent que certains publicistes lui attribuent, et il affirme que l’inviolabilité absolue de la propriété privée est le seul fondement de la paix et de la prospérité des États civilisés. Il exhorte enfin l’assemblée à ne point sanctionner une loi qui envenimerait les dissensions intestines, déjà si funestes à la France, Au-dessus de toutes les passions, de toutes les haines, il fait entendre la voix de la justice et il termine par ce touchant appel à la concorde :
« La France, en guerre avec l’Europe, accablée du » poids de l'univers, a triomphé au dehors par le cou» rage; elle vaincra ses ennemis intérieurs par la jus-
1. Moniteur de l'an IV. Séance du 3 pluviôse, tome ler, page 515.