Portalis : sa vie, et ses oeuvres
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leur emprisonnement, leur massacre à l'Abbaye ou sur l’échafaud, les déclarations officielles de Robespierre et de ses collègues contre toutes les religions révélées indiquaient trop clairement le mobile et le but du gouvernement. Ce but n’était autre que lextirpation du christianisme : il ne fut pas atteint, ilne pouvait l’être. Le culte, proscrit dans les grandes villes, s'était réfugié dans les campagnes, et, protégé par l'attachement séculaire des paysans, il s’était maintenu: sur quelques points, malgré les menaces et les persécutions des autorités républicaines. La réaction du 9 thermidor n’avait pas mis fin à cette lutte déplorable qui faisait dégénérer le patriotisme en impiété et la religion en fanatisme. Le clergé ne rétracta rien de ses censures, et la Convention persista dans sa haine; moins sévère pour les anciens Girondins, les fédéralistes et les nobles, elle demeura inflexible pour les prêtres. La veille de sa dissolution, par un décret du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), elle confirmait les lois de 1792 et de 1793 contre les prêtres réfractaires et en ordonnait l’application définitive dans les vingt-quatre heures.
Tel fut son testament politique en ce qui concerne les cultes : elle en laissa l'exécution à ceux de ses membres qui allaient continuer son œuvre au sein du nouveau Corps législatifet parmi lesquels devaient être choisis les cinq directeurs. Fidèles aux traditions de leurs prédécesseurs, ceux-ci ne tardèrent pas à proposer une loi qui proscrivait en masse le clergé non constitutionnel : la déportation était convertie en bannissement perpétuel; les prêtres étaient tenus de