Portalis : sa vie, et ses oeuvres
AU CONSEIL DES ANCIENS 74 quitter la, France dans le délai de vingt jours, sous peine de. mort; les sexagénaires et les infirmes devaient, dans le même délai et sous la même peine, se rendre à la maison de réclusion de leur département, pour y demeurer enfermés jusqu'à la paix. Ainsi se reproduisaient, dans toute leur cruelle iniquité, la doctrine des suspects et le système des proscriptions collectives. Après une longue et violente discussion, le Conseil des Ginq-Cents sanctionna le projet de loi, malgré les éloquentes protestations de Pastoret.
Au Conseil des Anciens, la lutte fut plus vive encore. La commission conclut unanimement, par l'organe de Goupil-Préfeln, au rejet de la résolution proposée. Le rapporteur s’exprimait, du reste, avec une prudence excessive et n’osait pas avouer que le motif du vote de la commission avait été un sentiment de sympathie marquée pour le christianisme. Creuzé-Latouche prit le premier la parole, et, dans un discours violent, il appuya les conclusions de la commission : il repoussa la loi projetée qui lui semblait, par l’étendue de ses dispositions, compromettante pour la sécurité des bons citoyens; mais, en même temps, comme s’il eût craint de choquer les opinions antireligieuses de la plupart de ses collègues, il jagea convenable de déverser l’outrage sur le clergé catholique et sur tous les cultes. Une grande partie du conseil demanda l’impression du discours. Portalis la combattit en quelques mots, et, après un débat aussi court que vif, elle fut refusée, à l'appel nominal, par une faible majorité.