Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

264 POUSSIÈRE DU PASSÉ

tait encore en allié, mais qu'il tenait pour son pire ennemi.

Les dispositions en lesquelles M. Albert Vandal nous le montre étaient aussi, à la même heure, celles de Napoléon. En apparence maître de tout, Empereur se rendait mieux compte chaque jour de l’inefficacité des moyens employés jusqu'alors pour réduire l'Angleterre et conquérir la paix générale. L’inefficacité du blocus continental résultant de ce qu'il ne parvenait pas à le rendre universel, l'échec des armées impériales en Espagne et en Portugal, où les Anglais arrétaient Masséna, l’impossibilité de porter un coup décisif de ce côté, d’y pouvoir jeter assez de troupes, la nécessité de garder dans le Nord des effectifs considérables, la certitude que la Russie se détachait de lui, la crainte de la voir s’unir à ’Angleterre, toutes ces choses entretenaient en Napoléon le désir de couper court à une situation dont les périls s’augmentaient sans cesse, de jeter bas le masque et d’aller attaquer la Russie jusque dans ses steppes. Nous ne savons à quel moment lui était venue l’idée d’une expédition. Mais, en

ces premiers mois de l’année 1811, il caressait