Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

UNE AFFAIRE DE TRAHISON EN 1812 279

Enfin, Michel, Saget, Salmon et Mosès étaient renvoyés en Cour d'assises. Wustinger n’y devait être entendu qu'à titre de témoin, les charges relevées contre lui n'ayant pas paru suffisantes pour justifier sa mise en accusation. Mais après le procès, il fut, en sa qualité d’étranger, expulsé de France. Michel fut condamné à mort et fusillé; ses trois complices à deux ans de prison, ainsi qu’à l’exposition et au carcan, peines infamantes disparues depuis de nos Codes. On remarquera d’ailleurs qu'ils n’appartenaient pas à l’armée,

Marbot raconte que, lorsqu'on arrêta Michel, qu’il ne nomme pas, « il comptait la somme de trois cent mille francs en billets de banque qu’il avait reçue pour prix de sa trahison ». Ce détail est aussi romanesque qu'inexact. Michel reconnut qu’on lui avait fait de brillantes promesses, mais qu’en réalité il n’avait touché que quatre mille francs en trois mois. Deux ans après sa condamnation, sa femme pétitionnait pour obtenir la restitution de son pauvre mobilier confisqué et saisi par arrêt de justice. Quant aux autres accusés, leur peine accomplie, ils furent maintenus en détention jusqu'en 1814. L’entrée des alliés dans Paris les rendit à la liberté.