Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

56 POUSSIÈRE DU PASSÉ

naire ! Assez des costumes austères ! Il adopte un nouveau mode de parler et de s’exprimer. Tout en lui est languissant, la voix, le geste, la démarche ; ilse donne des airs de petit maître énervé, et bientôt, dans Paris délivré du joug de Robespierre, il est légion.

On le reconnaît à son habit court et carré, à son gilet de panne chamoïis à dix-huit boutons de nacre, à ses longs cheveux poudrés et flottants des deux côtés, sur les épaules, en oreilles de chien, à sa cadenette retroussée, à sa cravate verte, à son bâton noueux. Qui l’a affublé de la sorte ? Qui l’a armé de ce gourdin ? On ne sait; les modes se créent, le plus souvent, toutes seules. Mais celle-ci a mis une arme dans ses mains, et il s’en sert. Contre qui ? Contre les tyrans de la veille, contre les jacobins, qu'il poursuit et frappe partout où il les trouve.

Dès ces premières manifestations, les Muscadins forment un pouvoir dans Paris. Ils se désignent, eux-mêmes, sous le nom de « Jeunesse dorée » et, partout, ils dictent des lois. Ils obligent le club des Jacobins à se fermer et à se dissoudre ; ils vont dans les théâtres, à Feydeau,

à Montausier, ailleurs encore, briser les bustes