Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
( 6 ) le jour suivant 28, le décret qui la supprimait ayant été rapporté, à une majorité de quarante-une voix, un borrible tumulte venait d’éclater dans l'assemblée, lorsque Rabaut se présenta à la tribune, et déclara qu'il était chargé d'annoncer, au nom de la commission, que tous ses Membres donnaient leur démission, Get acte de faiblesse n'eut d'autre résultat que d'enhardir les séditieux qui sentivent dès-lors qu'ils n'avaient plus de résistance à craindre. Sans doute la commission ne pouvant plus disposer de la force publique , avait perdu son pouvoir, mais l’inutile abdicaüon qu'elle en faisait, ne parut, avec raison , qu'une transaction de la faiblesse, et ne sauva, plus tard, aucun de ceux qui la composaient. Quoi qu'il en soit, ce ne fut qu'à la suite de la séance du 3r mai, et sur la proposition qu'en fit Barrère, au nom du comité de salut public, que la convention décréta définitivement la suppression de la commission des douze, qui ne précéda que de quarante-huit heures le décret d’arrestation prononcé contre les membres les plus distingués du côté droit, parmi lesquels on n'eut garde d'oublier Rabaut. Trop convaincu du sort auquel les bourreaux de la France le réservaient , il prit la fuite, et se rendit d'abord dans les environs de Bordeaux, où les députés de la Gironde s'étaient si vainement flattés de trouver pour eux-mêmes et pour leurs amis, un asile et des défenseurs contre la proscription qu'ils prévoyaient devoir bientôt les atteindre. Dès que l'évasion de Rabaut fut connue, un décret de mise. hors la loi fut rendu contre lui. À cette nouvelle il quitta sa retraite, erra de nouveau à travers la France sous divers déguisemens , et espéra pouvoir se soustraire plus facilement aux recherches de la tyrannie , sous les yeux même des tyrans. Un ami, insensible à ses propres dangers , avait eu l’admirable courage de le recevoir chez lui. L'épouse de Rabaut, l'une de ces femmes héroïques qui, dans ces époques de crime et de deuil, semblaient s'être chargées de réconcilier la France avec l'humanité, veillait sur les dangers de l'illustre proscrit; elle sortait souvent pour recueillir les nouvelles qui pouvaient l'intéresser. Un jour , c'était le 14 frimaire an 2 ( 4 décembre 1793 )» elle rencontra Amar , (voy. ce nom dans la Galerie histo= rique des Contemporains ), membre du comité de sûreté