Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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une telle loi passe, il ne reste plus aux depuiés qu'à se brûler la cervelle. Lecointre de Versailles, celui dont nous avons rapporté tout à l'heure l’apostrophe hardie, réclame l’ajournement. Tallien , Bourdon de l'Oise, lappuient. Les membres du comité de salut publie étaient transportés de fureur. Barrère, l’objet le plus général du mépris , disait, en affectant le mépris même : On murmure , je crois. Robespierre parla , et le décret fut adopté.

Mais le lendemain l'orage éclata avec plus de violence. Le décret fut de nouveau attaqué dans ses diverses dispositions , mais sur-tout dans celle qui éveillait le plus de craintes personnelles, je veux parler de l’article qui paraissait livrer les députés au glaive commun levé sur tous les Francais. Bourdon de l'Oise demande la suppression de cet article. Sans avoir l'air de seconder directement cette réclamation , Merlin de: Douai parvient à la faire réussir. 1] propose et la convention adopte un considérant dans lequel celle-ci se réserve , comme un droit inaliénable , de décréler elle seule ses membres d'accusation.

Bientôt ce premier succès enhardit différens députés à attaquer plus directement le décret dans toute son atrocité. Charles Lacroix et Ruamps demandent une interprétation de Particle qui punit de mort la dépravation des mœurs. Mallarmé veut qu’on lui explique ces mots de Couthon : La loi accorde pour défenseurs, aux patriotes accusés, des jurés patriotes ; elle en refuse aux conspirateurs,

Bourdon de l'Oise jette au milieu de la discussion un mot de ralliement qui devait être entendu : J'estime Couthon, j'estime Le comité de salut public ; maïs j'estime aussi cette inébrantable montagne qui & sauvé la république. Robespierre relève avee fureur cet appel d'un parti : Montagne, s'écrie-t-il, qui sait mieux l’honorer que ceux à qui tu décernas l'honneur de com battre à ta téte P Mais nous ne te confondons point, et lu ne te confondras pas non plus avec des hommes hypocrites et pervers. Ici Bourdon de l'Oise l’interrompt par quelques mots plus failles. Robespierre le regarde avec son affreux sourire : Je n'ai point nommé Bourdon de l'Oise, reprend-il; malheur à qui se nomme ! I] accuse ensuite Tallien : sa fureur s’est accrue à ce nom; il semble déjà voir en lui le bras qui doit le précipiter. Il lui reproche des propos contre-révolutionnaires. Tallien les nie. Robespierre, et après lui Billaud-Varennes, démentent Tallien. Ils ont tout glacé d’une nouvelle terreur. Toutes Les réclamations sont écartées, et le considérant adopté la veille est révoqué comme injurieux au comité de salut public.

Qu'on ne s'étonne point de la concorde qui, durant touie