Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE, 151

cette discussion, parut régner entre les dépositaires de la tyrannie; il s'agissait d’une loi de sang, ils n'avaient tous qu'un vœu à cet égard. Mais Billaud-Varennes s’attacha dès ce moment à ruiner dans le comité de salut publie l'empire de Robespierre. Il réussit à l’aigrir par des contradictions fréquentes. Les grossiers élémens de l'administration révolutionnaire étaient encore au-dessus de la portée de l'avocat d'Arras. Il voyait avec un dédain apparent, mais avec une véritable jalousie , les travaux et les rapports du comité confiés à ses autres collégues. Carnot Jui était particulièrement odieux. IL craignait l'empire que celui-ci exerçait sur les armées etsur la victoire. Il avait aussi quelque défiance de Robert Lindet et de Prieur de la Côte-d'Or, chargés tous deux de soins administratifs. Il insista pour que Carnot fût sacrifié. Billaud le défendit. Robespierre avait annoncé hautement de nouvelles proscriptions à exercer SuT la convention, sur la montagne. Billaud était aussi dévoré du désir d'exercer les siennes. Ils ne pouvaient convenir que de quelques individus, objets de leur haîne commune; ils se disputaient sur le reste. Ce fut à la faveur de ces débats prolongés que Tallien, Bourdon de l'Oise et Lecointre de Versailles purent survivre aux menaces réunies de Robespierre et de Billaud. Ce dernier permettait ainsi à ses ennemis de vivre quelque temps encore parce qu'il les croyait encore plus ennemis deRobespierre. Billaud s’attachait surtout à faire avorter dans leur principe les institutions religieuses de Robespierre.

Dans je ne sais quel obscur réduit, entourée des plus tristes prosélytés, une vieille femme racontait des visions, des révélations mystérieuses dont elle se prétendait honorée. Elle se : faisait nommer Catherine Théos. Elle était secondée par un ancien chartreux, nommé dom Gerle, qui avait été membre de l'assemblée constituante. C'était un homme fort doux, mais de qui vraisemblablement la raison s'était un peu altérée dans le passage de sa solitude à des scènes si tumultueuses. Billaud se douta que c'était Robespierre lui-même qui faisait jouer cette machine, car elle servait ses vues, et elle était digne de son génie. Il chargea un de ses affidés au comité de sûreté générale de faire passer cette assemblée de visionnaires pour une assemblée de conspirateurs. Il fit choix de Vadier, vieil= lard subtil, cruel, impitoyable.

Robespierre eut à dévorer l’outrage de voir arrêter, sans oser les défendre, ces ridicules personnages, inspirés, ou du moins favorisés par lui. Vadier pressait leur supplice ; Robespierre voulait les sauver. Ce fut là une des causes les plus prochaines du 9 thermidor. |

Trois semaines avant cet événement, Robespierre s'était