Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. E73

qui presse La tienne avec horreur, percera ton cœur inhumain. Tous Les jours je suis avec toi, je te vois tous les jours ; à toute heure mon bras levé cherche ta poitrine. © le plus scélérat des hommes ! vis encore quelque temps pour penser à moi! Dors pour réver de moi; que mon souvenir et ta : frayeur soient le premier appareil de ton supplice.. Adieu, Ce jour méme, ente regardant, je vais jouir de ta terreur.

Tout lintimidait, jusqu'aux reproches de ses agens, qui commencçaient à frémir de ce qu'il tardait long-temps à frapper des ennemis que depuis un mois il avait hautement dévoués. Chaque jour la théorie du crime faisait de monstrueux progrès. Il se formait une nouvelle ligue de scélérats qui eussent été plus aguerris que leurs chefs. De ce nombre était un nommé,Payan, que Robespierre avait fait procureur de la commune de Paris. Ce fut lui qui, écrivant à un de sescompagnons, membre de la commission d'Orange, lui disait : On répète sans cesse aux juges, prenez garde, sauvez l'innocence ; et moije leur dis : Au nom de la patrie , tremblez de sauver un coupable !.…. Oublie que la nature te fit homme et sensible. Lis ces réflexions, et sur-tout avant le jugement des scélérats que vous avez à frapper. Ge même homme développait à Robespierre le danger des délais.

Il paraît qu’il l’avait déterminé à faire un massacre de ses ennemis, dans une fête où la convention assisterait. Henriot était prêt. L’exécution de ce complot était peut-être assurée, si le rhéteur assassin n’eût cédé au désir de paraître à la tribune de la convention, et d’y proclamer les heureuses discordes du comité de salut public.

Tandis qu’il préparait ses coups, on en méditait aussi contre lui et contre la tyrannie elle-même. Les députés menacés, quoique surveillés, dans tous leurs pas, par les espions de Robespierre et par ceux de Billaud, parvenaient à leur cacher de courts entretiens où l'heure de la vengeance se disposait. Robespierre dénoncça aux jacobins , peu de temps avant sa chute, des assemblées tenues chez Fouché, député à la convention; mais il ne savait pas qu’on y délibérait, chaque jour, de le frapper au sein de la convention même. Outre ceux dont j'ai déjà annoncé la profonde indignation, d’autres députés entraient encore dans ce salutaire complot, tels que Fréron , Barras, André Dumont, Merlin de Thionville et Legendre. Tallien sur-tout attendait, avec une sombre impatience , le moment d’éclater.

Une femme, douée de mille charmes, s’était offerte à ses regards, dans la cruelle mission qu’il remplit à Bordeaux. Les familles éplorées eurent souvent recours , avec succès, à une intercession qu'on voyait chaque jour plus