Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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pouvaient servir la conjuration. Les ami$ de Danton allaient dans la nuit frapper à la porte des amis de Brissot. « De» main, disaient-ils , le tyran entrera dans la convention ; » que la convention soit son abîme. Pleurez-vous des amis ? » nous aussi; Robespierre les a frappés. Avez-vous des » amis à sauver? nous aussi; avec un jour de vie de plus, » Robespierre les égorge. Frappez avec nous ce tyran, et » nous vous répondons des autres. » Mais s'ils abordaient les membres des comités, ils semblaient reprendre devant eux leur première subordination. « Que tardez-vous de » vous venger ? leur disaient-ils. Est-ce avec Robespierre » qu'on peut user de délais, qu’on peut faire un traité? » Nous sommes à vous, commandez-nous. Vous restez en» fermés dans vos comités, Robespierre peut vous y assié» ger tout à l'heure. Le jour va luire, songez qu’il ne » nous reste plus que ce jour. »

Cependant il tardait à Robespierre que la convention s’ouvrit. Il ne pouvait trouver son audace qu'au sein d’une assemblée si souvent muette devant lui. Mais à peine y est-il entré, il pâlit. Un profond murmure l'environne, le suit par-tout où il veut se placer. On le cerne, on ne l'approche pas. StJust monte à la tribune {depuis peu de jours il était arrivé de l’armée). Il avait déjà bravé le comité de salut publie, et, dans cette dernière nuit, il s’en était séparé avec ces mots d’adieu : Vous avez fletri mon cœur, je vais l'ouvrir à la convention. Ces expressions, d’une sensibilité recherchée, étaient familières à ces rhéteurs bourreaux. Les premières phrases de son discours annoncaient qu'il allait répéter et développer ce que Robespierre avait dit la veille. Tallien linterromptaveclaccent de la fureur : « Ecouterons-nous plus long-temps, s’écrie-t-il, » les hypocrites protestations de ces hommes qui, prêts à nous » égorger, travaillent à nons désunir®? Il est arrivé le moment » de notre union, de notre force , de notre liberté, » — Puis, adressant la parole à Robespierre : « Tyran, prétendras-tu » nous cacher les attentats que tu médites contre la représen» tation nationale? Hier, n’ai-je pas vu moi-même tous les » apprêts de tes proscriptions? J'étais aux Jacobins ; je t’écou» tais quand tu nous désignais tous au fer de tes assassins. » Ils ont promis de servir ta fureur; ils la servent. Dans ce » moment, l'infâme Henriot les rassemble. Ils marchent; nous » les préviendrons. Toutesles horreurs de cette nuit criminelle » sont connues du comité de salut public; il va les raconter, » nous allons punir tous tes crimes. Tes yeux ne peuvent plus » rencontrer dans cette enceinte un homme qui ne soit tonen» nemi, que tu n’aies forcé de l'être. La patrie, le genre hu# main, s’élèventcontre toi; nous remplirons leur vengeance, »

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