Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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de cet accident, courait aux secours des blessés , et se voyait secondé dans les soins qu'il leur rendait par les hommes mêmes qu’on lui disait d’égorger.

Il paraît que ce malheureux événement ne fut produit que par l’imprudence d’un ouvrier. Collot-d’Herbois afirma hautement que c'était le crime des thermidoriens et des royalistes. La convention repoussa la calomnie qui regardait ses membres, mais non la défiance à l’égard des royalistes. Les chaînes des détenus se resserraient encore.

Pendant cette époque d’une défaveur assez marquée, les thermidoriens ne tentèrent pas de ranimer leur crédit en modifiant ce qu'ils demandaient au nom de l'humanité. S'ils ne reprirent pas leurs anciennes maximes , at moins on peut croire qu'ils se ressouvinrent à propos des expédiens qu'ils avaient connus à une époque moins heureuse de leur carrière. Un soir, dans une rue écartée , l’habit de Tallien fut percé d’une balle. L'auteur de cet attentat est toujours resté inconnu ; les circonstances en ont toujours été trouvées plus obscures, plus on a voulu les approfondir. Merlin de Thionville arriva tout effaré à la tribune , peignit avec véhémence les dangers qui menacaient les jours des auteurs du 9 thermidor et la vengeance des amis de Robespierre, unie maintenant avec celle de tous les complices qu’il eut dans les comités. L'assemblée s’émut , et, ce jour-là, promit quelque chose en faveur des malheureux dont les thermidoriens s'étaient déclarés les défenseurs.

Ils ne se reposaient point sur la mobile faveur qu'ils commencçaient à recouvrer. Ils songèrent à créer au-dehors un parti qui fût assez puissant pour entraîner la convention audelà de ses vœux. Ils invoquèrent la liberté de la presse au milieu de tout cet appareil de lois révolutionnaires qni déclaraient la guerre à la pensée, et punissaient de mort les plus légères indiscrétions. La convention ne promit rien et souffrit tout. Les écrivains eurent une audace graduelle. Ils exhalaient moins d’indignation qu’ils n’en paraissaient retenir. D'abord tous les crimes de la tyrannie furent représentés comme ceux de Robespierre; mais, par degrés, on les restitua à leurs différens auteurs. On se dirigeait moins vers la vengeance que vers la pitié. Lesécrivainsse rendirent les organes d’un sentiment qui était alors dans tous les cœurs. Quelle que fût la main qui vint au secours des malheureux, on jurait de ne se souvenir que du bienfait. Ainsi le repentir était sollicité par le charme des bonnes actions. Tant de beaux dévouemens qui venaient d’avoir lieu, et dont les victime héroïques excitaient un deuil tout récent, étaient offerts tou