Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Leurs entreprises ne parurent que des jeux; les combats qu’ils eurent à soutenir ne furent que des luttes peu glorieuses. Mais la convention fut entraînée, et les jacobins furent vaincus.

Ceux-ci envoyaient le soir leurs émissaires dans différentes places publiques, mais sur-tout autour de la convention. Là ils formaient ces groupes où s'étaient long-temps préparées toutes les tempêtes révolutionnaires. Ils parlaient aux ouvriers avec une perfide compassion de leurs maux; car déjà le peuple souffrait. Une disette de grains afiligeait la France. La convention, par d'innombrables et imprudens sacrifices, nourrissait Paris, mais ne pouvait plus long-temps préserver cette ville du fléau qui s’approchait. Le moment était dangereux : les jeunes gens, partagés en différentes colonnes , fondäient sur les groupes, les dispersaient avec un peu de violence. Souvent ils s’'annoncaient par un chant qui fut appelé /e Réveil du Peuple. C'était l'accent de l'indignation et de la ven-

.Beance, terrible dans la bouche de jeunes gens qui avaient des armes, et qui rencontraient les assassins de leurs pères; et toujours, à Paris, cette indignation, cette vengeance se continrent. Aucun meurtre ne souilla leurs mains, aucun glaive ne devanca celui de la loi.

Dans tous les lieux publics on voyait encore le buste de Marat; partout il fut brisé. Celui de Lepelletier, qui Faccompagnait, subit le même sort. Bientôt on ne vit plus nulle part les images de Challier et de quelques autres assassins frappés dans Le cours de leurs massacres. La pudeur de la convention fut éveillée par ce soulèvement général. Un décret chassa Marat du Panthéon. Son cadavre fut jeté dans un égoût.

Les jeunes gens firent faire un heureux changement à une inscription placée sur tous les monumens publics, et que nous avons rapportée : Liberté, égalité , fraternité, ou la mort. Ce mot la mort fut remplacé par le mot humanité.

Cette jeune troupe fit encore d’autres entreprises qui contribuèrent beaucoup à adoucir l'âpreté et la férocité des mœurs révolutionnaires. L'excès qu’elle venait de commettre préparait souvent, pour le lendemain, un décret bienfaisant de la convention.

On s'était préparé à une entreprise plus sérieuse; c'était une attaque contre les jacobins. On voulut les assiéger dans le lieu de leurs séances. On ne peut concevoir qu'après tant de sang versé entre deux partis qui ne semblaient pouvoir exister que par l’extermination l’un de l’autre, il ait pu y avoir des chocs aussi peu meurtriers, aussi puérils même que ceux qu’entraîna ce siége des jacobins. Mais ceux-ci réprimaient leur férocité par [a crainte; les jeunes gens faisaient céder