Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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telle majorité. Sieyes s’expliqua le premier sur le 3r mai. Il sut arracher à la convention l’aveu de Ja violence qu’elle avait soufferte. Ce fut lui qui fit déclarer deux vérités constatés par l’histoire : 2! y a eu oppression sur la convention nationale au 31 mai; et depuis , il y a eu Oppression sur le peuple, au nom de la convention nationale , jusqu'au 9 thermidor. D'abord les soixante-treize députés rentrèrent dans l'assemblée. Les amis des girondins eurent un combat plus long à soutenir pour obtenir le rappel des députés qui, mis hors la loi, avaient eu le bonheur presque miraculeux d'échapper à une telle proscription. D’abord on se borna à les mettre à l'abri de toute poursuite. Ils refusèrent ce qui leur était présenté comme un pardon; ils demandèrent d’être jugés ou d’être rendus à leurs fonctions : ce fut encore moins la haîne qui lutta contre eux que la jalousie de quelques hommes qui craignaient en eux des concurrens pour le pouvoir. Ces passions cédèrent enfin, ou à la pudeur, ou à la nécessité. La convention rappela ceux qui avaient glorieusement , et avec un tel péril, com. battu pour sa liberté: Lanjuinais, Fermond, Henri Larivière, Isnard, Mollevaut , Louvet, et plusieurs autres, reparurent à la tribune après un exil de plus de vingt mois.

Quand la convention eut ainsi réparé quelques-unes de ses pertes, elle offrit une majorité plus constante dans ses vœux.

Le comité de salut publie, à qui toute l’autorité exécutive était restée, se renouvelait partiellement chaque mois. De si brusques variations, suggérées par la défiance, devaient faire craindre beaucoup d'incertitude, de faiblesse et de contradiction dans le gouvernement. Il arriva cependant qu’il y eut dans le comité de salut public une tradition de maximes, une suite dans les opérations qui se fit remarquer en deux points : la gloire et la puissance extérieure de la république française , et le salut de la conveñtion. Cette assemblée n’entendait plus parler que de vietoires. Le 9 thermidor , en portant la joie dans le cœur des soldats français, avait donné à leur valeur un essor irrésistible. Le comité de salut public offrit à la convention un plus bel hommage encore que ces triomphes ; deux trai. tés de paix avec deux grandes puissances , la Prusse et l'Espagne. Un autre bienfait semblait encore surpasser ceux-là; c'était la pacification de la Vendée.

Quiconque a suivi la convention depuis le 9 thermidor, a vu que rien ne déterminait plus cette assemblée à des actes d'humanité que la nouvelle des succès de nos armées. Les jacobins maudissaient, sans pouvoir les comprendre ,