Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 201

cursion qui allait bientôt laisser à découvert une partie de l’armée autrichienne. Le conseil de l'empereur se vit obligé de différer l’exécution d’un plan de campagne offensif, et bientôt il fallut y renoncer sans retour. Vainement les Français laissaient ouvérts à l’ennemi les passages qui pouvaient le conduire jusqu'à Paris même ; celui-ci se tenait immobile dans le centre , où il était invincible > Et ne songeait plus qu’à repousser la puissante diversion qu'il subissait dans la Flandre maritime. Les Français, dans le même temps, se livraient à des attaques non moins vives, mais conduiles avec moins d’habileté et de succès sur les bords de la Sambre. Deux commissaires de la convention , Saint-Just et Lebas, prodiguaient le sang de nos soldats; ils effrayaient l'ennemi par le nombre d'hommes qu'ils étaient toujours prêts à sacrifier. Les Français furent trois fois repoussés dans le passage de la Sambre. Mais bientôt celui de la Meuse s’opéra sur un plan plus vaste et plus hardi, Par un concours inoui d’événemens heureux, de combinaisons savantes , d’audace et d'opiniâtreté, poussées jusqu’au prodige : chaque jour réalisait le vaste projet du conseil de guerre présidé par Carnot , de tenir l’armée autrichienne bloquée dans ses nouvelles conquêtes et entre les quatre for teresses qui les défendaient.

Le prince de Cobourg se détermina à un grand effort pour dégager la West-Flandre. Son quartier-général fat transféré à Tournay. L'empereur s’y rendit, y vit quelques combats, et retourna dans sa capitale. L'armée de Clairfait fut portée à vingt-cinq mille hommes ; celle du duc d’Yorck, qui devait le seconder , s'élevait à près de cinquante mille hommes. Le prince de Cobourg, attendant le suecès de leurs opérations combinées, couvrait Tournay avec l'élite de l’armée autrichienne, De telles forces permettaient aux alliés de reprendre l'offensive : ils se flattaient de faire mettre bas les armes au corps d'armée qui occupait Courtrai , et à celui qui environnait Menin:le premier , commandé par le général Souham ; le second par le général Moreau.

Le duc d’Yorck partit de Courtrai le 28 floréal , et s’empara de tous les postes qui sont à la droite de Lille à Courtrai. Clairfait avait passé la Lys à Vervick et à Comines. Pichegru , qui avait deviné cette marche, sut prévenir la jonction de ces deux armées; par d'habiles manœuvres, il maintint ses communications avec Courtrai; il se mit à la tête. de tous les corps qui s'étaient repliés sur Lille, et marcha contre le duc d’Yorck. Les Anglais et les Hanovriens gardèrent long-temps leurs positions. Ils plièrent après une troisième charge à la baïonnette. Le désordre fut extri

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