Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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on la lui présente encore , il s’incline devant le martyr de la loi et de l’amitié; il ne descend de ce fauteuil de gloire que quand ses amis eux mêmes l’en arrachent. Encore frappés du respect dont il a saisi leur ame, les assassins le laissent passer. Aucun d'eux ne peut expliquer pourquoi ils Jont épargné.

À neuf heures du soir , les séditieux et les députés qui les dirigeaient se voyaient maîtres d'organiser une nouvelle terreur ; où plutôt ils voulurent user de la victoire avant de l'avoir assurée. lis nomment pour président le député Romme , homme ardent jusqu’au fanatisme, mais dont les mains ne s'étaient point trempées dans le sang. Soixante ou quatre-vingts membres de la convention forment cette convention nouvelle. Ce que les brigands ont demandé, les brigands le décrètent. Cependant leur cohorte est devenue moins nombreuse. La nuit a rappelé dans leurs foyers tous ceux qui n'ont grossi leur nombre que par entrainement ou par violence. L'assemblée qui fit toutes les lois depuis le 9 thermidor est dissoute; mais les comités auxquels elle a transmis l’action du gouvernement n’ont point été forcés. Ils occupaient un bâtiment voisin, mais séparé du château des Tuileries. Là s'étaient réfugiés les députés que leurs collègues proscrivaient maintenant; là , ils avaient appelé une escorte composée des jeunes gens les plus déterminés et des soldats les plus fidèles à leur cause. Les rebelles avaient été repoussés dans toutes les attaques qu'ils avaint tentées sur ce poste, dont ils ignoraient encore lim portance. Les thermidoriens ne montrèrent jamais plus d’intelligence et de fermeté que dans cette journée. À onze heures du soir, Legendre part des comités avec une troupe de jeunés gens armés de sabres, de pistolets. 11 fond avec eux sur les brigands législateurs. Ils fuient en désordre. Les femmes poussent des cris de terreur ; les uns rendent leurs armes, les autres tombent en suppliant. On ne peut peindre l’immobile consternation des députés, qui, après avoir mis cette vaste multitude en mouvement, en éprouvaient, pour la seconde fois, ce subit et honteux abandon. La convention prit bientôt la place d'une insolente minorité, dont elle cassa les actes et fit arrêter la plupart des membres : mais on eût dit qu’elle avait remporté à regret cette

‘victoire, par la mollesse et l’imprévoyance qu’elle montra dès le lendemain.

Les rebelles se rassemblèrent de nouveau , vinrent armés aux portes de la convention. Celle-ci eut la faiblesse de recevoir à sa barre une députation de six d’entre eux, entendit la lecture d’une pétition où tous ses actes étaient