Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. 23

qu'une domination passagère. L’impératrice Catherine ne cessait de faire valoir le désintéressement d’une protection dont elle allait bientôt exiger le prix. Elle jugea pourtant que c'était à une autre puissance à donner l'exemple de la perfidie.

Fréderic-Guillaume , s’il eñt été vainqueur en France , eût peut-être voulu jouer un rôle magnanime dans les affaires de la Pologne. Le malheur et l’humiliation qu'il avait éprouvés lirritèrent, et ce fut sur ses faibles voisins qu'il fit tomber sa vengeance. Il abjura tous les sentimens chevaleresques dont il avait montré l'exaltation ; Vimitateur de Francois ler ne voulut plus être que l’imitateur de Ferdinand -le - Catholique. Il fit entrer inopinément une armée dans la grande Pologne ; il se mit en possession de Thorn et de Dantzick : il déclara { car une telle perfidie avait besoin d’un manifeste) que cette mesure lui était commandée par la nécessité de mettre ses états à couvert des principes des révolutionnaires poJonais, auxquels il avait applandi. Les Polonais cèdent, mais songent à la vengeance. Les fédérés de Turgowitz rougissent d’avoir cédé à cette passion. L'impératrice paraît écouter leurs prières, et feint d'ignorer pourquoi le roi de Prusse s’est porté à ce mouvement. Enfin elle dé couvre ses desseins , lorsqu'il n'est plus personne en Europe qui les ignore. De concert avec le roi de Prusse : elle nomme des commissaires pour régler entre ces deux Puissances le partage des provinces polonaïses qui les avoisinent : c’est l'unique moyen, dit-elle, de procurer à la Pologne un gouvernement stable et une paix solide. Toute la nation, excepté un seul homme et cest le roi, s’oppose avec une énergie renaïissante à'son prochain anéantissement. Les fédérés de Turgowitz ne veulent plus être les instrumens de deux puissances dont ils détestent l’insidieuse protection. La diète de Grodno refuse de sanctionner ce pacte d’usurpation. Cette assemblée est investie par des soldats étrangers. On lui demande son consentement; on n’obtient que son silence. Cependant l’impératrice fait marcher une nouvelle armée de quinze mille Russes pour accomplir ses desseins ; maïs elle ne conDaissait pas encore le peuple auquel elle voulait ravir pour jamais son indépendance. Déjà une révolte avait éclaté dans la partie de la Pologne occupée par le roi de Prusse, Une troupe de huit cents hommes de cavalerie s'était formée sous la conduite de Madalinski. Ces partisans audacieux osaient souvent tomber sur les derrières de l’armée prussienne, lui enlevaient des convois , ét se