Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

34 INTRODUCTION.

cachaient ensuite dans les montagnes. Ils provoquaient le réveil de leur nation; ils étaient les précurseurs de Kosciusko: Kosciusko, noble, mais d’une famille peu opulente , avait servi avec distinction dans la guerre d'Amérique. Soldat de Washington, il saisit avec ardeur une occasion d'être son émule. Lorsqu’à la prière des fédérés de Turgowitz , les Russes envahirent la Pologne , la valeur et le talent militaire de Kosciusko furent presque toute la résistance qu'ils rencontrèrent. Indigné d’avoir vu ses efforts enchainés par le monarque qu'il servait, il quitta sa patrie, conservant toujours dans son cœur l'espoir de la délivrer. Déjà il se rapprochait des frontières, lorsqu'il recut la plus touchante ambassade qui puisse honorer un

citoyen ; c’étaient plusieurs de ses malheureux compatriotes

ui venaient, au nom de la nation polonaise, lui confier ses destinées abandonnées par son roi. Kosciusko partit, entra secrètement dans Cracovie. De concert avec lui, Madalinski avait dirigé sa faible troupe vers le Palatinat, et avait su y pénétrer en traversant l'armée prussienne. Kosciusko fut maître de la ville: dès qu'on y sut son arrivée, soldats et citoyens, tout courut à lui, tout le reconnnt pour chef. Cracovie dressa un acte d'insurrection. Kosciusko, après avoir reçu des pouvoirs illimités pour délivrer sa patrie, apprend que douze mille Russes viennent pour l’attaquer. Il marche à leur rencontre avec quatre mille soldats, presque tous levés dans la première ardeur de l'insurrection. Plusieurs ne sont armés que de piques et de faux; ils mont point d'artillerie. Koscinska remporte à leur tête une victoire complète. Les Russes perdent trois mille hommes et deux pièces de canons. L'insurrection s'étend dans les provinces voisines : les exilés rentrent. On ne voit pas un Polonais qui ne serve la cause de la patrie, tout devient soldat. Il n’est plus de poste assuré pour les armées russe et prussienne. Des avsans rassemblés à la hâte attaquent des garnisons et fes font prisonnières. Mais Varsovie pourra-t-elle se délivrer de dix mille Russes qui sont dans ses murs, et qui s'y maintiennent avec toutes les précautions et la vigilance de la tyrannie militaire ? Depuis long-temps on conspire contre eux à Varsovie. C'est au sein de la capitale que se trament les mouvemens qui déjà on affranchi plusieurs provinces. Un comité secret d'insurrection échap-

e à toutes les recherches, et déconcerte tous les projets de l'étranger. De nouveaux conspirateurs remplacent en plus grand nombre, et sous l'abri d’un plus profond se»