Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

PRÉCIS HISTORIQUE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE.

LIVRE PREMIER.

«“

L'érogur de la révolution dont il me reste à présenter le tableau se désigne ordinairement par ces mots : /e règne du directoire. L'autorité qu'il exercça frappe plus l’imagination que celle du corps-législatif, qu’il domina avec quelque sagesse dans la première partie de sa carrière, qu’il opprima à la seconde , et dont à son tour il éprouva la vengeance et le mépris.

Lorsque la constitution qui créa le directoire était discutée dans une commission , l'exemple des Etats-Unis de lAmérique s'offrit aux esprits les plus éclairés, Ils désiraient un président, et cherchaientun Washington. Le peuple, ou plutôt les clubs anarchiques , les séditieux faubourgs , n'eussent recu qu'avec horreur la proposition d'un premier magistrat électif ; il fallut se taire, et diviser le pouvoir qui souffre le moins une division : on l’organisa d’une manière abstraite, spéculative, sans songer à ceux qui pourraient l'exercer : le 13 vendémiaire les donna.

Le corps-législatif, qui succédait à la convention , était composé des deux tiers de ses membres. Ils voulurent affermir leur salut : la nomination d’un directoire exécutif fut regardée comme un renouvellement de comité. Le pouvoir exécutif fut confié aux cinq membres de la convention, Rebwel, Letourneur | de la Manche), LaréveillèreLepeaux, Barras et Sieyes. Ce dernier refusa la magistrature à laquelle il venait d’être élevé. Il avait depuis longtemps excité l'attention par le caractère de ses écrits politiques, par une influence présumée sur de grands événemens, par un ascendant que tout faisait sentir, que rien ne faisait éclater. Son refus donna lieu à beaucoup de con-