Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ait souvent à elle des membres de la convention , se créait au-dehors une puissance d’opinon par laquelle elle devait un jour être entraînée hors des limites de sa première sagesse. C'était dans le conseil des anciens que cette minorité montrait plus d’art et s’approchait plus de la victoire. Ce conseil prit, dès son origine, un caractère de gravité qui honorait et protégeait la constitution, Il n’avait point d’initiative sur les lois; il sanctionnait ou rejetait les résolutions du conseil des cinq-cents. Il ft un usage assez fréquent et toujours heureux de ce velo, qui, dans d’autres temps, avait été si grossièrement interprété par l'ignorance populaire. Les partisans du directoire conservaient dans ce conseil quelque droit de modifier ou de suspendre les irrégularités les plus frappantes de son système d’administration. Le directoire recevait des avertissemens plus sévères et plus utiles de la part de ceux qui se déclaraient le plus souvent les adversaires de ses mesures. Il parut long-temps écouter ces avis sans colère : il n’en fit qu’un rare et faible usage ; la passion le conduisit depuis à en proscrire les auteurs.

Une conduite assez analogue , mais moins décente et moins modérée, était tenue par les deux partis du conseil des anq-cents.

Les séances du corps-législatif cessèrent, pour un temps, d'être des événemens historiques : elles nous occuperont assez à l'approche d'une catastrophe nouvelle , que la sagesse retarda ou voulut détourner pendant quinze mois.

L'empire de la constitution se faisait sentir comme une heureuse modification apportée à l’état révolutionnaire. Le directoire contenait les partis sans les calmer ; il s’abstenait de cruauté, et se privait du mérite de la clémence. Les nombreux proscrits du 13 vendémiaire rentraient à Paris ; ils jouissaient avec sécurité de tous les plaisirs de la capitale, frappés d’un arrêt de mort qui n’était point révoqué. Bientôt on leur permit de détourner le glaive peu menacant qui semblait encore suspendu sur leurs têtes; ils purent se présenter aux tribunaux, et plaider leur cause devant des jurés qui, pour la plupart, avaient marché dans leurs rangs malheureux. Ceux-ci ne se bornèrent pas à absoudre ces prévenus de conspiration, ils finirent par nier la conspiration elle-même : les tribunaux semblaient révoquer l'arrêt du champ de bataille.

Chaque jour, le repos de Paris se ressentit moins de la terreur qui l'avait causé ; jamais pent-être on n'y vit plus régner qu’à cette époque le besoin de ressaisir des jouissances long-temps interrompues. On eût cru être