Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Cependant le général Hoche apprit, par de nombreux . déserteurs, qu’une partie de l’armée royaliste détestait la bannière sous laquelle on l’avait forcée de marcher, et que

les émigrés, frappés d’un découragement qui leur montrait -

partout des périls, avaient abandonné Ja garde du fort pen. thièvre aux soldats qui avaient montré tant de répugnancef ou un zèle si peu sincère à s’associer à leur entreprise. Quelques-uns de ces déserteurs parlaient d’un complot formé par leurs compagnons, de livrer aux républicains la forteresse qu’ils gardaient. Ils s’offraient de les guider jusques sous ses murs. Impétueux et s’abandonnant toujours à la fortune et au courage, Île général Hoche dispose tout pour consomme dans un jour la ruine de l'armée royale. Le 2 thermidor, à onze heures du soir, trois mille hommes se mettent en marche sous le commandement des généraux Humbert, Vateau ; Bolta et l’adjudant-général Ménage. Ils se divisent en trois colonnes; ils suivent différens chemins; ils veulent attaquer et surprendre le fort sans donner aucune alarme.au camp de Kousten, que les émigrés occupent. à peu de distance. Un orage affreux éclate; des torrens de‘ pluie se répandent; les ténèbres sont profondes; les chemins sont affreux; on les suit presque au hasard. Les transfuges ou les

paysans qui servent de guides se troublent et s’alarment; les

colonnes se rencontrent, se mêlent; les soldats ont peine à

reconnaître leurs chefs et leurs corps. Dans la plus grande

confusion, je ne sais quel instinct de prudence étouffe le --

tumultes: il faut côtoyer en silence les rivages de la mér, ne' point se faire remarquer des chaloupes canonnières des Anglais; il faut se glisser entre des rochers que la mer agitée par la tempête tourmente de ses vagues. On avance sans croire avancer. Il est deux heures du matin, Pavant- garde est déjà sous les murs du fort; la marche des colonnes ne peut plus se cacher aux Anglais; leurs chaloupes canonnières foudroient les soldats qui s’avancent toujours vers le fort. Tout-à-coup retentissent ces mots : Le fort est emporte. Le général Ménage, à la tête de trois cents hommes, y avait été recu comme un libérateur. : Le jour avait montré aux émigrés l’étendard tricolore flottant sur les murs de la forteresse. Déjà toute l’armée: républicaine. s’avance contre eux; Tallien et son collégue Blad marchent à la tête des colonnes. Une artillerie formidable gronde au loin. C’est le général Hoche qui a réglé les dispositions du combat. Mais dans le camp, qui va être assiégé par tant de forces et avec tant d’impétuosité!, règne un affreux désordre : chacun suit les inspirations diverses du désespoir; pas un des Anglais ne sort des vais