Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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seaux pour venir mêler ses armes à celles des émigrés. On s'indigne , on s’effraie de leur perfide immobilité, Des chaloupes canonnières, des bateaux plais bordaient le ri vage; une multitude de vieillards, de femmes et d’enfans, dont les Anglais avaient embarrassé cette déplorable expédition, se précipitent autour de ces frêles bâtimens, leur unique salut. O honte! des hommes armés, des cosnbaitans les leur disputent, s’en emparent avant eux. Puysaye est à leur tête ; il entraîne avec lui la trou. pe de chouans: Wous ne périrez pas, dit un homme généreux à ceux qui sont abandonnés sans défense sur la rive, nous combattrons jusqu'à ce que chacun de vous ait été conduit sur les vaisseaux anglais. Celui qui tient ce langage est Sombreuil, le fils du gouverneur des Invalides , le frère de cette fille héroïque qui fléchit en faveur de son père les bourreaux du 2 septembre, mais qui ne fut point admise à fléchir les bourreaux du tribuval révolutionnaire. Depuis trois jours seulement il avait abordé dans la presqu'île avec un renfort qu’il conduisait. Il commandait les émigrés dans l’absence de d’Hervilli , encore malade de ses blessures. Il les rallie , il les enflamme de sa généreuse résolution. Ils vont soutenir toute limpétuosité des Français républicains ; ils défendent leurs retranchemens. Tout-à-coup la plus grande partie de leur armée court, en jetant les armes, au-devant des Français, qu’ils appellent leurs frères. C’étaient tous ceux qui avaient été tirés des prisons de l'Angleterre. Le camp est forcé. Sombreuil se retire en combattant toujours. Il gagne, avec sa troupe, un rocher près du bord de la mer. C’est de là qu'il voit, avec ses derniers compagnons, tous ceux pour lesquels illse dévoue, se jeter dans les cha loupes, ou en être repoussés, gagner à la nage Îles vaisseaux anglais, ou être couverts par les flots; ceux-ci, déjà sauvés, ramenant les bâtimens vers d’autres malheureux ; ceux-là tendant la main, ou jetant des cordages à ceux qui luttent contre les vagues. Les colonnes républicaines se divisent, afin de tourner la troupe de Sombreuil dans sa dernière positon. Déjà la communication avec le riva… ge lui est fermée. Sombreuil espère encore , en offrant ses jours, racheter ceux de ses compagnons. Il demande à parler aux chefs républicains ; il leur parle , il revient: les émigrés mettent bas les armes. |

Ce combat entre des Français est encore moins péni= ble à raconter que les suites de la victoire de l’armée républicaine. Une loi condamnait à mort tous les émigrés pris les armes à la main, tous ceux mêmes qui se-