Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXÉCUTIF. 5

péril des monvemens qu'ils tentaient, les femmes qu'ils avaient dès long-temps associées à leurs fureurs. On vit plusieurs fois celles-ci courir dans les faubourgs, dans les marchés, dans les ateliers, et répéter inutilement, mais avec impunité ces cris : Allons forcer le Temple , allons délivrer Babœuf. Xles se livrèrent à toutes leurs impréca‘tions en présence de la légion de police, que le directoire avait licenciée comme ayant donné des espérances aux concurés. Lâches! disaient-elles à ces soldats confus, vous partez donc! Ah! si nous avions vos habits et vos fusils, laisse fonsnous égorger les patriotes? Ils ne répondaient rien, ils craignaient l’armée. Voici un essai d’un genre bien opposé: on a de la peine à concevoir que tant de perfidie fût unie à tant de délire.

Un jour les citoyens de Paris sont réveillés par un bruit de pétards qui se tirent dans différens quartiers. Îls sortent, et, sous leurs pas, ils trouvent des cocardes blanches; aw seuil des monumens publics, ils trouvent attaché un drapeau blanc; sur différens piliers, ils lisent des proclamations où on les invite à prendre les armes pour Louis XVIII. La plupart effrayés reviennent sur leurs pas, craignent d’être * dénoncés pour avoir lu, pour avoir vu; ils croient que déjà le sang coule, que le jour le plus terrible de la révolution ‘s'annonce. Une longue et profonde inaction fait tomber peu à peu l’effroi; les troupes, les rassemblemens des royalistes n’ont été vus nulle part : un seul homme a été arrêté en tirant un pétard, avec lequel il s’est blessé lui-même. On l'interroge, il se nomme; on apprend que c’est un ancien membre du comité révolutionnaire. Il avoue que tout ce prétendu complot de royalistes n’a été qu’un stratagème des hommes de son parti pour soulever les patriotes et commencer un mouvement à la faveur duquel on eût délivré Babœuf et ses complices, On s’indigne de cette tentative; mais bientôt on ne voit plus que la confusion de ses auteurs : on rit, on se retire. Quelques caricatures font toute la punition de cet abominable jeu.

Avertis plutôt que découragés par ces tentatives infructueuses, les anarchistes se lassent d’être des séditieux indiscrets, et veulent devenir de profonds conspirateurs. Leurs rassemblemens sont plus clandestins , leurs menaces sont plus sourdes , leurs complices plus nombreux. L'évasion du député Drouet, la lenteur avec laquelle se poursuit le procès de Babœuf devant la haute-cour de Vendôme , quelques défauts de concert qu’on observe dans la marche des directeurs, le parti royaliste qui commence à se faire craindre et à opérer quelque diversion, tout

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