Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

5h DIRECTOIRE

ne se flattait plus d’y entraîner son armée. Le prince de Condé s'en apercut. Il pressa dans ses lettres, où plutôtil somma un général qui ne pouvait rompre sans péril de telles trames, après les avoir ourdies, ou d’éclater, ou de donner un gage de sa bonne foi. Il demanda et ne put jamais obtenir, qu’une place forte, telle qu'Huningue, lui fût livrée. Une passion assez profonde dans le cœur de Pichegru, sa haîne pour le général Jourdan, peut être considérée comme le mobile le plus puissant qui le porta à donner enfin des effets à une trahison si long-temps et si vainement méditée. L'ordre leur fut donné à tous deux de se mettre en marche pour faire le blocus de Mayence. Le général Jourdan, aidé, particulièrement des généraux Lefebvre et Kléber, obtint des succès rapides. Keïserverlt, Dusseldorff et Altenkirchen, avaient été emportés après des combats opiniâtres. Manheim avait ouvert ses portes à Pichegru, qui cachaït encore ses desseins. Mais bientôt il compromet, par ses opérations militaires, la position de Jourdan, qu'il césse d'appuyer. Il indique à l’ennemi les points par lesquels l'armée de Sambre et Meuse peut être attaquée avec succès. Le 21 vendémiaire an 4, les Autrichiens, sous les ordres de Clairfait, violent la ligne de neutralité du roi de Prusse, fondent sur l'armée de Jourdan, la forcent à repasser le Rhin et à abandonner le fort de Cassel. Bientôt les lignes de Mayence sont attaquées; le cri honteux de sauve qui peut retentit dans les rangs de l’armée française, les postes sont mal défendus. Le capitaine Marmont défend le sien avec intrépidité, et commence sa gloire dans une journée si fatale. Une nombreuse artillerie et des bagages même tombent au pouvoir de l'ennemi. Pichegru se retire; et si l’on en croit les relations de ceux qui l’accusent, et les indices que fournit sa propre correspondance, il obtint de l'ennemi, auquel il a vendu ce succès, une retraite moins précipitée. 11 commet de sang-froid le crime horrible de laisser dans Manheim un corps de neuf mille Français, qu’il destine à être massacrés, et qui en effet, investis, dans une ville mal fortifiée, par toute une armée victorieuse, meurent sans pouvoir rendre leur bravoure utile à leur patrie.

Après ces succès , les Autrichiens crurent avoir épuisé tout ce que leur promettait la défection secrète d’un hommé aussi important que Pichegru. La conclusion de cette trame fut un armistice entre les armées francaises et autrichiennes sur les bords du Rhin. Bientôt après, le général Pichegru envoya sa démission. Elle fut acceptée; et, Ce qui caractérise dans le directoire une défiance secrète, Pichegru fut nommé à l'ambassade de Suède. Il refusa ce