Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 1

poste avec hauteur, et se retira dans sa ville natale, Tout confond dans ce dénouement pacifique d’un complot odieux. Voici des conjectures vraisemblables , à défaut de faits po siifs. L'Autriche, fatiguée de supporter presque seule le poids d’une guerre continentale qu’elle avait commencée avec de si nombreux alliés , avait besoin de se préparer à un second effort. La victoire de Clairfait sur le général Jourdan avait été trop aïdée par la fraude pour communiquer cette impétuosité qui fait d’un combat heureux une suite de triomphes. L'expérience faite sur Dumouriez avait appris aux Autrichiens que la perfidie isolait tout général français de son armée.

Quant à Pichegru , sa gloire et sa popularité survivaient à des échecs dont il était la cause, et dont il se donnait comme le réparateur. Il présentait l'armistice qu’on devait à ses soins, à l'éclat imposant de son nom, comme le gage d’une paix glorieuse , et comme un hommage indirect que l'Autriche rendait enfin à la république française. En désignant et en obtenant pour son successeur le général Moreau , dont les talens militaires s'étaient développés à son école, il est probable qu’il ne se flatta point de trouver en lui le continuateur de ces trames, mais au moins un homme qui les couvrirait d’un profond oubli, et qui en eflacerait les traces. Dans sa retraite d’Arbois , qui dura plus d’un an, il ne décela jamais les pensées inquiètes d’un traître. Ses loisirs n’eurent pas toute la dignité de ceux d’un héros, il se montra plutôt ami de la simplicité qu'ami des mœurs.

Nous verrons dans la suite de ce livre sous quels tristes auspices il sortit de cette retraite. Mais, après un tableau si aflligeant, et sur lequel je regrette de n'avoir pu répandre plus de lumière, l’histoire vient m’en indiquer un plus difficile encore à tracer, par l'éclat dont tous les faits y brillent; je veux parler de la première campagne de Bonaparte en Italie. Cependant je ne regrette point ici les bornes étroites d’un précis historique ; les victoires de Bonaparte, se peignent si vivement à l'imagination , que je me félicite d’avoir un cadre qui peut se conformer à leur rapidité : elles re font point un brillant épisode à une révolution terrible, elles en amènent le dénouement.

Au milieu de leurs succès, les républicains français n’avaient. encore osé aspirer à la conquête de l'Italie. Déjà pourtant ils avaient franchi les Alpes; maïs la crainte d’attaquer le roi de Sardaigne entre toutes ses forteresses, et l'Autriche, plus près du centre de sa vaste domination ; une crainte plus confuse, mais plus pressante en«