Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ces que pour tomber d'une chute commune + ainsi que la cour de Versailles, la cour de Turin avait perdu toutes les forces et toutes les ressources que donne une prévoyante économie. Le désordre des finances ne s'était point, il est vräi, élevé dans le Piémont au même excès que dans la France; mais un plus faible fardeau de dettes accable dans la même proportion un plus faible état.

On eût dit qu’un long séjour parmi la nation piémontaise avait révélé à Bonaparte toute la faiblesse de son gouverpement. Ce fut pour lui comme une même pénsée, de le dompter par ses armes, et de l’énchaîner par sa politique. Vingt jours suffirent à l’exécution de ce projet.

Le général Colli, qui commandait les troupes sardes, se voyant forcé d'abandonner toutes les positions militaires qu'il avait concertées avec Beaulieu , s’était retranché auprès de Ceva, sur les bords du Tanaro, qui n'était pas alors guéable, et dont les ponts avaient été coupés. Le 27 germipal, il y fut attaqué et forcé par les généraux Augereau et Serrurier. Cependant il avait pu soutenir le combat jusqu’à Ja nuit. Il choisit, en militaire habile, une autre position sur la même rivière, à son confluent avec celle de Gursalia. Il avait garni leurs bords escarpés de fortes batteries ; ses lignes protégeaient la place de Mondovi. Bonaparte arrive, juge cette position, en reconnaît toute la force, et se propose de faire combattre le général Colli sur un autre terrain. La ligne des piémontais était étendue; leur armée avait été réduite par des échecs journaliers. Ils s'effrayèrent dès qu'ils virent Massena qui, après avoir

assé le Tanaro sur un pont jeté auprès de Ceva, tournait Le retranchemens. Ils les abandonnèrent dans la nuit du 2 au 3 floréal. Ils arrivèrent à. Mondovi; ils y furent atteints. La victoire ne fut pas long-temps indécise. Une redoute emportée à la baïonnette découvrit les flancs des Piémontais. Treize cents prisonniers, huit pièces de canon attestèrent le désordre de leur retraite. Bonaparte entra le soir même à Mondovi; et, pénétrant à travers la ligne des forteresses, négligeant celles dont le siége eût arrêté sa marche, emportant celles qui ne demandaient à son armée que des efforts de courage, sans crainte sur Coni et maître de Cherasco, il s’avança sur Turin. Déjà il est à ses portes. Cette capitale, si bien fortifiée, n’est affaiblie que par la présence de son souverain. Tous les embarras d’an siége à soutenir au milieu d’une population considérable et mécontente se calculent, s’exagèrent. Bonaparte fait répandre adroitement quelque espérance de conciliation; elle est avidement saisie. On parle d’armistice ; le roi de