Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 83

étonnans pour leur promptitude, leur art et leur solidité. Beaulieu s’est flatté de venger sur l'Adda laffront qu'il a recu sur le Pô; il en occupe tous les ponts jusqu’à son confluent; les bords escarpés de cette rivière, que la fonte des neiges rend encore plus rapide, sont hérissés de batteries; plus de stratagème qui puisse tromper le vigilant Beaulieu; il peut se porter sur tous les points menacés; il faut le vain cre dans des positions où quelques bataillons égalent une armée. Bonaparte marche sur Lodi.

Je transcris ici la relation qu’il fit d’un des exploits les plus éclatans de cette campagne.

« Je pensais { écrivit Bonaparte, du champ de bataille) que le passage du Pô serait l'opération la plus audacieuse de la campagne, comme la bataille de Millesimo l'action la plus vive: mais j'ai à vous rendre compte de la bataille de Lodi.

» Mon quartier-général arriva à Cazal le or, à trois heures du matin. À neuf heures, notre avant-garde rencontra les ennemis défendant les approches de Lodi. J'ordonnai aussitôt à toute la cavalerie de monter à cheval avec quatre pièces d'artillerie légère qui venaient d’arriver, et qui étaient attelées avec les chevaux de carosse des seigneurs de Plaisance. La division du général Augereau, qui avait couché à Borquetto , et celle du général Massena , qui avait couché à Cazal, se mirent aussitôt en marche. L’avant-garde, pendant ee temps-là, culbuta tous les postes ennemis, et s'empara d’une pièce de canon. Nous entrâmes dans Lodi, poursuivant les ennemis , qui déjà avaient passé l'Adda sur le pont.

» Beaulieu, avec toute son armée, était rangé en bataille. ‘Trente pièces de canon de position défendaient le passage du pont. Je fis placer toute mon artillerie en batterie : la canonnade fut très-vive pendant plusieurs heures. Dès l'instant que l'armée fut arrivée, elle se forma en colonne serrée, le second bataillon des carabiniers en tête et suivi par tous les bataillons de grenadiers, au pas de charge et au cri de vive la république! L'on se présenta sur le pont: l’ennemi fit un feu terrible ; la tête de la colonne paraissait même hésiter. Un moment d’hésitation eût tout perdu : les généraux Berthier, Massena, Gervoni, le chef de brigade Lasne, et le chef de bataillon Dupas, le sentirent, se précipitèrent eux-mêmes à la tête, et décidèrent le sort en balance.

‘» Cette redoutable colonne renversa tout ce qui s'oposa à elle; toute l'artillerie fut sur-le-champ enlevée; Fordes de bataille de Beaulieu fut rompu : celte colonne