Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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des vieillards pour arrêter le jeune vainqueur , ét les vieillards ne connaissaient plus de prudence devant lui.

Il n’y eut qu'un court intervalle entre la Bétaille Lodi et le siége de Mantoue, si fameux par la variété de ses incidens. Mais dans cet intervalle , le sort de re changea de face ; ses nombreux états recurent tous le Mouvement qui les entraînait à des destinées nouvelles. |

Ce n’était plus lltalie du seizième siècle; elle n’offrait plus cette foule ‘de princes et de grands, fidèles à toutes les haînes qui les divisaient entre eux, et plus fidèles encore à leur haîne commune pour les Français, les appelant pour se venger et puis pour les trahir. Les Sforze, les Borgia , les d'Est, les Farnèse, les Urbin , les Colonne s'étaient éteints, ou n'avaient plus que de faibles imitateurs. Les limites des états étaient depuis long-temps tracées et respectées. On ne voyait plus s’allumer les fureurs de l'ambition , ni se méditer des crimes savans pour la conquête d’une bourgade. L'Italie avait plus ressenti les langueurs que les bienfaits d’une paix de cinquante ans. La splendeur de son commerce était éclipsée ; l’agriculture avait recu des améliorations dans quelques états, tels que. Ja Lombardie et la Toscane, mais ne faisait aucun progrès dans les états de l'Eglise, de Venise et de Naples. Le génie des beaux-arts avait rétrogradé en même temps que le principe des richesses. Les étrangers faisaient le voyage de l'Italie dans le même esprit que les Romains faisaient autrefois le voyage de la Grèce , qui offrait à leurs regards mille chefsd'œuvre dont les auteurs n'étaient plus. Les sciences se cultivaient avec assez de succès, mais non pas avec une émulation rivale de Paris et de Londres. Les mœurs avaient affaibli, mais non changé leurs teintes primitives: Ce n’était: plus cette astuce profonde, ni tout cet art Æxécrable enseigné par Machiavel et pratiqué long-temps avant lui ; c'était une dissimulation d’esclaves à laquelle le peuple italien s'était formé sous une longue succession de maîtres ou de conquérans étrangers.

Le trône pontifical était occupé par Pie VI, vieillard de mœurs douces, d’une piété indulgente ; dont le caractère n'offrait ni les qualités brillantes n1 les vices des papes qui, dans le quinzième et seizième siècles, parvinrent à repousser les Français de l'Italie. Les états de l'Eglise avaient vu peu de règnes aussi longs que le sien. Il conservait jusque dans l'extrême vicillesse les avantages extérieurs les plus propres à faire reconnaître et à faire chérir un souverain et un saint pontife : les offices divins du Vatican, qui devaient être long-temps suspendus après sa captivité et sa mort, n'avaient