Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 8

fl lui imposa des sacrifices rigoureux ; mais il le conserva sur un trône où lui seul , dans de telles circonstances, pouvait encore le maintenir. Le pape céda à la république francaise les légations de Bologne et de Ferrare, que Bonaparte avait déjà conquises , et toutes les côtes maritimes du golfe Adriatique , depuis les bouches du P6 jusqu’à la citadelle d'Ancône. Un mois après la signature de cette convention, une nouvelle prise d'armes eut lieu dans les états de l’église. On avait cru Bonaparte vaincu sur d’autres points. Le général francais fit châtier avec rigueur les villages ferrarais qui avaient donné le signal de la révolte. Nous verrons qu'il eut à repousser et à pardonner une troisième tentative beaucoup plus sérieuse. ,

L'Italie entière fut reconnaissante des ménagemens qu'il eut pour le saint-père, comme si elle eût senti tout ce que cette modération avait de courageux. En France, les républicains les plus ennemis de l'autorité papale louèrent dans. cette conduite de Bonaparte la prudence d’un guerrier, d'un conquérant qui connaît sa position et le génie des peuples ; le parti qui détestait les principes de la république nouvelle, et qui gémissait de ses triomphes , observa Bonaparte, et se vit forcé de lui donner des éloges sincères. Mais le temps devait venir où l'absence de ce général laisserait se développer en Italie un système funeste. Revenu de l'Egypte , il n'eut plus à rendre que des honneure funèbres au pontife dont il avait en vain protégé la vieillesse, les vertus et le saint caractère.

En se détournant de Rome, Bonaparte sauva également des ravages d’une conquête le royaume de Naples. Un prince de la maison de Bourbon y régnait sans gloire. Occupé plutôt par goût que par politique à plaire à cette classe oisive, ignorante, à demi-barbare, qui, sous le nom de Zazzaronis, inonde sa trop vaste capitale, il s’avilissait par ses amusemens, et n’était roi que pour s’y livrer. Une princesse autrichienne, une sœur de l’infortunée Marie-Antoinette de France, régnait auprès de lui, ou plutôt régnait à sa place. Née avec des passions ardentes, et croyant n'avoir plus à les contenir parce qu'elle était reine, elle avait choisi, dans M. d’Acton, un favori, un premier ministre d’un caractère analogue au sien. Leur administration était plutôt remuante qu’active. Îls avaient des projets disproportionnés aux forces du royaume de Naples, et fort contraires aux principes de sa prospérité. Au lieu de faire renaître l’agriculture dans les Deux-Siciles, sur ce sol où la fable a placé sa naissance, où l’histoire nous montre peut-être ses plus grands progrès, ils attendaient leurs richesses d’un commerce qui n'existait